Sébastien,un orphelin vivant dans un village des Alpes,a été recueilli par César,un vieux paysan,et sa nièce Angelina,la boulangère du patelin.Le gamin ne va pas à l'école et traîne en permanence dans la montagne,où il rencontre un chien errant qu'il adopte,mais l'animal est soupçonné d'être le mystérieux agresseur des troupeaux de moutons et les pedzouilles du coin veulent le buter.Nicolas Vanier,connu pour ses documentaires dans le Grand Nord,adapte ici en tant que réalisateur et coscénariste le feuilleton culte sixties de Cécile Aubry.Le producteur est Gilles Legrand,un cinéaste dont les deux premiers films,"Malabar Princess" et "La jeune fille et les loups",se passaient déjà dans les montagnes alpines et traitaient aussi d'enfants privés de leurs mères décédées,d'animaux présumés dangereux et d'accidents d'avions.Pas de crash aérien ici,ce sera pour "Belle et Sébastien 2",mais des soldats allemands car l'action a été transposée en 1943,sous l'Occupation donc.A priori on se dit "mais quelle bonne idée,et originale surtout,car la Deuxième Guerre Mondiale est un sujet dont on ne parle jamais au cinéma!".Mais trêve d'ironie, force est de reconnaître que cet élément s'articule pas mal à l'histoire et permet d'étoffer un récit assez peu fourni,même si on ne voit pas beaucoup les boches.Ca meuble pas mal au gré de scènes très étirées de type touristique,ce qui nous vaut de très beaux plans montagnards,un aspect que Vanier maîtrise parfaitement,sur une nature splendide et des animaux qui surgissent de partout,chamois,marmottes,sangliers,loups et autres bestioles étant souvent à l'honneur.Pour le reste,on retrouve l'ADN de la série télé avec cette jolie histoire d'amitié entre l'enfant et la chienne,Sébastien et Belle se protégeant mutuellement en dépit de l'adversité matérialisée par les villageois et les schleus.C'est "égayé" par les aventures de résistants faisant passer des juifs en Suisse malgré la surveillance des occupants,ce qui vaudra de bonnes séquences finales avec une poursuite dans la montagne en pleine tempête de neige.Tout ça est bien mignonnet,bien gentillet,mais ça manque vraiment de rigueur et de profondeur.On ne croit pas trop aux personnages,plutôt caricaturaux,et les auteurs s'emmêlent les crayons au fil de développements qui passent brutalement du jour à la nuit,de l'été à l'hiver ou d'un endroit à l'autre sans logique précise,alors que les conclusions des pistes narratives s'avèrent sans surprises et que la reconstitution historique figée sent le fabriqué .Sans oublier ces trucs qui sortent de nulle part,comme quand un soldat allemand,en plein réveillon de Noël,regarde par la fenêtre et décrète tout de go,sans aucune justification, que ce serait le bon moment pour un passage clandestin vers la Suisse,et ni une ni deux voilà les verts de gris qui se précipitent dehors,et en plus ils ont raison car une traversée est effectivement en cours!En outre,la distribution est puissamment médiocre.Le petit Félix Bossuet est un des enfants acteurs les plus énervants qu'on ait pu admirer depuis l'invention de la caméra,et on a juste envie de l'attraper par les pieds,de le faire tourner et de lui fracasser la tête contre la roche.Si,si,un peu quand même.Tchéky Karyo est fort peu à l'aise en vieux fermier alcoolo,et Margaux Chatelier a un physique avenant mais un talent terriblement limité.Le seul bon comédien du lot,c'est le chien,ou plutôt les chiens car ce sont trois chiens de montagne des Pyrénées qui incarnent Belle.D'une magnifique beauté,ils jouent en outre la comédie de manière bluffante,bravo aux dresseurs,et rendent crédibles les exploits surréalistes de notre héroïne canine.Notons que Mehdi El Glaoui,fils de Cécile Aubry et Sébastien d'origine,tient un petit rôle et qu'il est évidemment totalement méconnaissable.Les chansons qui parsèment le film pourraient être agréables sans la voix insupportable d'une Zaz en pleine forme.