Des décors, certes épurés, mais pas particulièrement beaux (un scandale, en Italie à cette époque...), un scénario lourd et alambiqué, une mise en scène trop classique, limite traitée à l'américaine... Et puis on ne sort jamais de ce couvent et de ses petites histoires qui tournent en rond car on les a d'avance comprises. Alors oui, les personnages ne sont pas des caricatures manichéennes qui nous poussent à nous positionner et c'est tant mieux. Mais s'ils n'ont rien à dire, ça ne va pas non plus. Trop de blabla, pour peu de phrases pertinentes. Aucune finesse sous-jacente. Pourtant beaucoup de thèmes intéressants: l'amour, la foi et la sexualité, et surtout la souffrance et la punition chrétienne... Le problème, c'est que ce film n'est à aucun moment émouvant. Aucun rapport mystique, ou pas mystique, intéressant. Tous ces questionnements s'entremêlent, sans jamais qu'on ait un début de réponse, car le personnage d'Efira est boursouflé d'ambivalence, et les rebondissements sont tellement mal amenés qu'on se dit préférer réfléchir tranquillement à ces sujets en refaisant le film chez soi, plutôt que devant cette bouillabaisse de disputes creuses, où même les acteurs, aussi bons soient-ils, se perdent eux mêmes. D'ailleurs, Benedetta aurait pu être un personnage d'une infinie complexité et profondeur, mais ses changements de traits s'opèrent succinctement pour échapper sans cesse au spectateur qui l'effleure sans être vraiment happé.

À partir de là, c'est pas grave, on se dit qu'on vient voir un film de Verhoeven pour qu'il soit volontairement incongru, ambigu, potache, transgressif, un film pour choquer le bourgeois, pour transcender tous jugements possibles émanant d'esprits sains (ou saints). Bref, y'a plus qu'à rigoler, quoi. Sauf qu'à part la Vierge taillée en Godemichet ou la gamine qui tète le sein de la Vierge (c'est déjà pas mal, je vous l'accorde), c'est trop premier degré.

Résultat : on a plus qu'à regarder cette histoire charnelle animée principalement par des seins... Mais même là, l'érotisme, la chair... ne prennent pas. D'ailleurs, les scènes de violence aussi, pourtant brutes et intenses, ne sont pas assez organiques (trop numériques...). Restent alors les scènes oniriques où il y a les rencontres, assez belles, entre Efira et Jésus. Mais globalement, le film rate sa dualité matérialisme / spirituel, sans même assumer pleinement son humour grotesque.

SainteMarlene
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le 10 nov. 2023

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SainteMarlene

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