Shownuns!
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Dès la première scène la petite Benedetta semble animée d’un pouvoir et de dons matérialisés par la statuette de la vierge Marie (élément clé dans la suite du film sans mauvais jeu de mots) qui lui permettent de se défendre mais attisent aussi la curiosité de son entourage. La famille de l’enfant va décider de l’inscrire dans un couvent afin qu’elle reçoive une bonne éducation religieuse.
Elle va y faire une entrée fracassante en surprenant toutes les soeurs par son étrange pouvoir qui va jusqu’à la plonger dans une forme de transe et de démence.
Comment expliquer cela ? Qu’arrive-t-il à Benedetta ? Qui est-elle réellement ? De son passé et de sa famille nous ne savons pas grand chose. En réalité ce n’est pas le coeur du sujet.
Une satyre claire de l’Eglise : révélation de l’omerta
Si ce film ne nous parle pas explicitement de la psychologie de la protagoniste (qui est insaisissable), sa visée est plutôt d’exposer ce qui se passe réellement au couvent, de fustiger une Eglise cupide, de se moquer des relations hiérarchiques, mais surtout de tourner en dérision la foi par l’humour
(on retiendra la scène du déjeuner durant laquelle Benedetta déclare pour la première fois « J’ai vu Jésus » qui suscite l’hilarité)
. L’ordre religieux est aussi discrédité par le personnage joué par Lambert Wilson qui apparait comme impulsif, détestable mais surtout ridicule à tel point que l’on pourrait interroger la pertinence du choix de l’acteur pour ce rôle.
…Mais aussi un tableau de l’Italie du 17ème siècles : problématiques & enjeux
L’originalité et l’ingéniosité de ce métrage tiennent à ce que l’on pourrait qualifier de huis-clos partiel. En effet, nous sommes, certes, longtemps enfermés dans ce couvent ce qui permet d’ailleurs une réelle immersion dans cet univers, mais nous découvrons aussi une Italie du 17eme siècle au sein de laquelle la petite village de Pecha tente tant bien que mal de se protéger des menaces d’infection.
Un lesbianisme ambigu : défense de l’homosexualité ou Eglise sans loi ?
Le saphisme est ici clairement un questionnement central avec la relation qu’entretiennent Benedetta et Bartolomea (novice au sein du couvent). Tout l’enjeu est alors de savoir ce qu’il signifie et ce qu’il entraine. Etait-ce une manière de défendre l’homosexualité en affirmant que celle ci existe depuis que le monde est monde et dans tous les milieux ? Ou était-ce là encore seulement un moyen de ridiculiser l’Eglise en montrant qu’elle est incapable de respecter ses propres lois ? En effet, les pratiques hérétiques, se font dans le couvent, au vu et au su de tous, mais ce qui se passe au couvent reste au couvent ! En somme, cette ambiguïté est regrettable car une plus grande limpidité aurait permis une prise de position claire dans un registre presque politique. Mais ce registre est totalement absent de la filmographie de Verhoeven : son seul but est d’attirer le regard, déranger et choquer !
Un choc sensoriel plutôt qu’une prise de position
En effet, nos frustrations suscitées par des manquements politiques sont partiellement comblées par un esthétisme visuel, auditif et tactile avec toujours une forte présence de l’humour qui accompagne la transgression de l’ordre. Cette force de la transgression est rendue possible par Virginie Efira et Daphné Patakia, deux actrices dévouées qui incarnent leur rôle avec brio face à une autorité qui a perdu de son crédit incarnée par la révérante-mère (Charlotte Rampling).
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Créée
le 30 août 2021
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