Benni va bientôt avoir 10 ans. C'est une enfant agressive, irascible et incontrôlable qui peut passer en un instant de la plus grande sérénité à un état de furie absolue. Le film de Nora Fingscheidt, qui a obtenu plusieurs prix à Berlin et représente l'Allemagne aux Oscars, est honnête dans sa radicalité : il ne minimise jamais l'état de Benni et son incapacité à s'intégrer dans une quelconque structure (école, famille d'adoption, foyer ...). Les crises de la fillette sont terribles et ne sont pas loin, pour les plus violentes d'entre elles, d'être insoutenables. La question de son insertion dans la société y est posée avec acuité, rendant hommage au passage à tous les travailleurs sociaux qui tentent de résoudre des problèmes insolubles. Pas de concession, pas d'apitoiement : le film va jusqu'au bout de son propos, quitte à choquer par sa violence extrême. Ce cinéma-là, en rien divertissant et qui suscite un certain malaise, a certainement sa place. Il montre des situations qui existent et interroge le spectateur tout en testant sa résistance. Ce n'est pas de tout repos mais force est de constater que son efficacité est redoutable.