Albert Dupontel a démarré sa carrière en tant que réalisateur sur les chapeaux de roue. 'Bernie' est un film totalement barjot, brut de décoffrage, affreusement violent, bizarrement attendrissant et drôle dans l'impensable.
Le film est certes totalement inclassable, on peut néanmoins le rapprocher de 'C'est arrivé près de chez vous' par son traitement banalisant et s'amusant des pires atrocités. L'attaque à la pelle de la maison bourgeoise, rejeton dérangé de 'Orange Clockwork' et 'Les Visiteurs', en est un exemple frappant. Mais en même temps, l'imagination naïve et dangereuse du personnage principal apporte une poésie morbide à l’œuvre, non sans rappeler 'Bad Boy Bubby'. Le manque d'affection et la misère des banlieues pourrait même en faire un drame social, et le résulat final jongle entre le dégoût, le rire et le désespoir.
Même la réalisation s'applique à bafouer la bienséance. Le jeu crispant et sans concession de Albert Dupontel est déjà assez perturbant en soi, l'acteur-réalisateur fait preuve d'une vraie intelligence dans sa mise en scène. Les gros plans sur les visages fous, la violence non-édulcoré, le journal vidéo amateur de Bernie, les prises de vue originales (la rétine réflétant le vide-ordure, les plans cassés, les rotations de caméra, etc) sont autant de techniques qui transcendent l'univers névrosé du personnage éponyme. Le point d'orgue est atteint dans le final fantasmé, pendant lequel la pellicule imite les VHS de western américain. En outre, la bande-original anxiogène de Ramon Pipin s'accorde parfaitement au récit.
Unique en son genre, 'Bernie' est un classique.