Dans un futur proche, les humains sont conçus par fécondation in vitro, où les embryons sont séquencés génétiquement puis sélectionnés afin de n'obtenir que des êtres au top physiquement et intellectuellement. Dans ce monde froid et eugéniste, Vincent a la tare d'être né naturellement. Il est donc considéré "invalide" et ne peut prétendre à la carrière d'astronaute et d'ingénierie spatiale à laquelle il aspire. Il ira néanmoins jusqu'au bout pour y parvenir...
Pour son premier essai en tant que scénariste et réalisateur, Andrew Niccol signe un coup de maître, et l'une de ses meilleures œuvres. Il propose en premier lieu pour son récit dystopique un univers visuellement étonnant, à la fois rétro et épuré (vieilles voitures mais carburant à l'électrique, costumes & cravates austères et omniprésents, cheveux plaqués pour tous, technologie minimaliste...), dans lequel notre héros tentera de s'élever, paradoxalement tout en cherchant à rentrer à tout prix dans le moule. Le tout filmé avec soin, entre les filtres orangés de bel effet, des séquences très poétiques mêlant bâtiments rigides et nature simple (plage, désert), et quelques imageries percutantes.
Le scénario s'avère redoutablement intelligent, proposant une intrigue efficace (1h40, là où d'autres se seraient davantage étendus pour ne pas dire grand chose de plus), des réflexions pertinentes, et des idées originales. Quant au trio d'acteurs, on appréciera une Uma Thurman troublante, sans doute retenue pour son physique inconventionnel, un Ethan Hawke très convaincant, et Jude Law (alors peu connu) dans un rôle plus complexe qu'il n'y parait.
Avec en cerise sur le gâteau la jolie musique de Michael Nyman, "Gattaca" (titre faisant référence aux bases nucléotidiques de l'ADN) s'impose donc comme un classique de la SF.