"Big Jake" est une double affaire de famille.
D'abord l'histoire : le vieux Jacob McCandles séparé de sa femme depuis 18 ans pour grave incompatibilité d'humeur est appelé à la rescousse pour sauver son petit-fils qui vient d'être kidnappé.
Et puis le vieux couple Georges Sherman et John Wayne qui ont tourné tant et plus de films ensemble et qui ne sont plus des amis mais des frères au point que quand le vieux Sherman avait une faiblesse sur le tournage, c'était John Wayne qui reprenait la direction en main.
"Big Jake" c'est aussi la "querelle des Anciens et des Modernes" traitée façon Western. L'action est censée se passer en 1909. L'historique de 1909 que le générique décrit, le montre assez : En 1909, il y avait deux Amériques : l'Est raffiné et moderne, l'Ouest encore sauvage où le premier objectif est de survivre.
Alors que les Rangers du Texas, sûrs d'eux, se lancent sur la piste des bandits à bord de voitures, le vieux Jacob McCandles (John Wayne) part à dos de cheval avec un vieil indien dévoué, à petite allure. Comme on s'en doute, l'équipée motorisée se casse le nez dès la première embuscade tendue par les bandits en plein désert mexicain. John Wayne, qui arrive peu après la déculottée, donne royalement aux Rangers une gourde d'eau pour pouvoir survivre. Ces cons n'avaient même pas pensé prendre de l'eau pensant que l'affaire se règlerait rapidement.
Big Jake est un sympathique western classique de chez classique avec des bagarres, des bandits vraiment méchants, un règlement final au revolver et au fusil bien sûr mais aussi à la machette et à la fourche. Dans l'obscurité pour les âmes sensibles.
Des bandits vraiment méchants : pour sûr, Richard Boone, en chef des bandits, n' a pas besoin de se présenter : sur son front, il y a écrit "bandit très méchant". Et le pire, c'est qu'il l'est.
Et puis, comme dans tout western de la belle époque, il y a la minute de tendresse où John Wayne, le paria, redécouvre ses enfants et petits-enfants non sans quelques baffes et coups de poing. La bonne éducation, quoi ! ...
Oui, je dis, John Wayne, le paria car, au début du western, son ex-femme, jouée par Maureen O'Hara, l'actrice fétiche de John Wayne, réfléchit avec les Rangers à la meilleure stratégie d'attaque et dit au chef des Rangers (en substance) qu'ils n'ont aucune chance face aux bandits. Puis elle dit : pour les vaincre, je ne vois guère qu' un unextremely harsh and unpleasant kind of man : mon ex-mari ...
Quand Maureen O'Hara a eu dit ça, le film bascule sur une image en plan fixe : c'est l'entrée en scène de John Wayne : une paire d'yeux qui occupe l'ensemble de l'écran, l'un ouvert et immobile, l'autre fermé. Puis un mouvement de travelling arrière de la caméra nous découvre notre John Wayne en train de viser ...
Du cinéma de Papa (sinon de Papy) disent certains : mais du cinéma qui ne se prend pas plus au sérieux que ça et qui fait du bien ...