Bird en trois mots :
- Brut
- Sombre
- Sincère
Le nouveau film d'Andrea Arnold, Bird, pourrait bien être un clin d'œil au film de Ken Loach, Kes, qui raconte l’histoire d’un jeune garçon, Billy, qui trouve et soigne un faucon, créant ainsi un lien symbolique avec sa prise de confiance, notamment à l’école, où il ne trouve pas sa place.
Dans le film d'Arnold, l'oiseau se retrouve dans la rencontre de Harley avec un personnage nommé Bird, qu'elle trouve toujours perché au sommet des tours du quartier. Ici, l’oiseau devient un symbole de quête d’identité et d’émancipation.
Harley, la protagoniste, vit dans un squat avec son père, un homme jeune, immature et désorienté, incapable de lui offrir une stabilité. Elle est rejetée par sa mère, qui, de son côté, n’a pas les ressources psychiques pour l’aider, étant sous l’emprise d’un compagnon très colérique. Tout au long du film, Harley se cherche et tente de se faire une place dans un monde qui semble lui échapper. Elle aspire à faire partie d’un gang et se coupe les cheveux pour se donner une raison d’exister. Le film nous plonge dans son quotidien, entre fugues et escapades, et Arnold filme cette errance avec sa caméra à l’épaule caractéristique, créant une immersion qui peut, parfois, devenir déstabilisante et tourner au vertige. J’en ai eu des nausées.
C’est dans cette première partie du film que Bird m’a laissée plus sceptique. La caméra, qui suit constamment Harley dans ses mouvements frénétiques, crée un effet de flottement, mais la distance émotionnelle entre le spectateur et les personnages peut rendre la connexion difficile.
Cependant, à mesure que le film avance et se creuse, notamment par le biais des interactions de Harley avec son entourage, la réussite du film se révèle : c'est l’émancipation subtile mais profonde de la jeune fille qui finit par toucher.
Sa relation avec Bird représente un tournant dans cette quête de soi, et donc dans la relation avec ses parents.
Le film n’est pas sans défauts, et il ne représente pas, selon moi, le meilleur travail d’Andrea Arnold, notamment si l'on compare Bird à ses précédents films, comme Fish Tank ou Les Hauts de Hurlevent. Il reste néanmoins une parenthèse touchante dans l’univers du cinéma indépendant, une exploration sincère des complexités de l’adolescence dans une couche sociale presque invisible.