Bailey, douze ans, vit dans un squat aux côtés d’un père à peine plus âgé et d’un demi-frère paumé. Sa vie n’a rien de tendre jusqu’au jour où l’étrange Bird la prend sous son aile.
L’Angleterre que connaît et interprète Andrea Arnold rime avec misère et déchéance sociale. Entre inactivité, violence et défonce, les adultes baissent les bras, abandonnant leurs enfants qui s’apprêtent déjà à devenir parents. Et c’est à la jeunesse de se faire seule justice. Le règne est animal et le serpent se mord la queue. En ce bestiaire surligné où l’on achève bien les chiens, Bird, Bug et Lamb servent de patronymes. Des insectes encrent la peau. Les papillons virevoltent dans la chambre, quand la bave du crapaud se transforme en drogue. A travers les barreaux d’une cage, Bailey filme les mouettes avec son téléphone, arme d’attaque et de défense quand il le faut ; « Envolez-moi » semble implorer ses yeux. Alors quand le perché Bird, ange exterminateur et protecteur au bec de lièvre, lui demande de l’aider à retrouver ses parents, elle l’accompagne, imaginant peut-être un nid plus douillet que sa réalité.
Entre quelques longueurs, un montage agité illustrant les pensées de l’héroïne et une caméra portée à l’épaule, l’étouffement est proche. Mais le fantastique apporte à ce chaos organisé une soupape onirique bienvenue. C’est sur un mur que Bailey projette ses vidéos, comme des rêves éveillés. L’air revigorant de la mer permet à celle devenue femme de plonger hors de son aquarium. Alors on danse pour oublier tous les problèmes sur des musiques pop, du rap ou du rock. Et il suffit d’une trottinette électrique pour que les liens familiaux se resserrent.
(6.5/10)
@cinefilik.bsky.social
cinefilik.wordpress.com