Pour parler de Black Dog, en étant aussi loquace que son héros, il faudrait que j'arrête là.
[...] C'est l'histoire de Lang, ex-détenu, qui rentre chez lui ou du moins ce qu'il en reste : une ville fantôme aux portes du désert, peuplée à 10% par les humains, et 90 par les chiens. Probablement ex-ville champignon, à la faveur d'un bassin minier, la ville dorénavant à l'abandon à des airs de friche industrielle monumentale. Trop vaste pour ses propres habitants, on ne s'y déplace qu'à moteurs, lorsque son terrain accidenté ou ses meutes de chien errants n'en renversent pas les véhicules. Western crépusculaire d'extrême orient ou dystopie post-apo mélancolique : Black dog oscille entre un Mad Max Doux et L'Homme des hautes plaines sans volonté de se venger. Tous le métrage baigne dans un grain sablonneux : des plans généraux d'un paysage lunaire qui s'étend à l'infini sous un ciel gris-bleu et travelling latéraux qui semblent être le moyen de locomotion principal de la narration. Hormis qu'ici ce travelling n'expose qu'un camp déserté, à l'abandon. Un zoo sans résidents, un théâtre sans public, "les bonnes grillades de Hu" dont la pub résonne en ville, sans qu'on y voit jamais le moindre client. Autant de bâtiments désaffectés qui résonnent avec le monde intérieur du Héros, plus mutique que son propre trope. Un cow-boy solitaire qui a troqué son cheval pour une moto, dernier vestige de son passé d'acrobate en cage. Son ancienne cage sphérique, la cellule de sa détention, sa ville natale qui ressemble à la Prison du Désert dans FF7 : tout évoque son incarcération. Dans FF7, une caravane passe parfois, pour ramener inexorablement le héros à la case départ : c'est pareil dans Black Dog lorsqu'un cirque itinérant, misérable mais digne débarque en ville. Cela renvoit Lang (qui a perdu la sienne) à sa vie passée, qu'il sait ne plus pourvoir retrouver. Que faire alors ? Trouver une rédemption auprès de la famille qu'il a endeuillée ? Renouer le contact avec son père, tout entier dévoué à entretenir les derniers animaux du Zoo, dans cette ville qui les maltraite ? Ou bien s'attacher progressivement à un lévrier noir semi-légendaire, à son effigie ? Black dog n'est pas un film engagé (son réalisateur s'en défend). Comme tous ses autres films, celui-ci a passé le visa de la censure après visionnage. Guan Hu touche à tout : il fait des films d'auteurs, pour se reposer, entre deux films commerciaux qui l'ont fatigué. "je ne vois pas Black Dog comme une critique politique : j’ai voulu montrer la réalité telle qu’elle est". Black Dog n'est donc pas un film à message. Hormis peut-être une invitation à mieux traiter les bêtes. Après tout, il ne leur manque que la parole.
Si tu vas pas bien, achète un chien
Si t’as le cafard, achète un clébard
Si tu n’as pas d’pot, achète un cabot
Si tu manques de peps’, achète un clebs
Si t’as mal au crâne, prend un doberman
Si t’as mal aux dents, un berger allemand
Si tu pètes les plombs, achète un griffon
Et si tu transpires, achète un yorkshire
Pour les lèvres gercées, prend un lévrier
Si t’as des p’tites boules, achète un pitbull
Plutôt qu’un bébé, prend un fox-terrier
Et pour être tranquille, achète un chenil