Voici une authentique surprise. Un film naturaliste où la nature est broyée par une mine abandonnée qui entoure une ville sur le point d’être détruite. Un film humaniste où l’humanité ne vaut pas mieux que les chiens qu’elle pourchasse. Le metteur en scène mérite les applaudissements pour avoir tiré parti d’un décor postapocalyptique où les hommes sont comme des chiens, abandonnés à leur sort tandis que le pays célèbre l’ouverture des Jeux olympiques, qui semblent aussi éloignés de cette ville perdue qu’une planète lointaine. Plusieurs scènes sont absolument magnifiquement filmées, et tout particulièrement l’ouverture. Les personnages sont aussi déshumanisés que les chiens errants ( et encore ! ). Le héros, presque totalement mutique, est lui aussi comme un chien errant de retour dans sa ville après dix ans derrière les barreaux pour meurtre. Durant une heure et demie, j’ai visionné un conte onirique, à la limite du fantastique, sans effets spectaculaires. Un film plein d’une poésie âpre que seule la venue d’un cirque vient adoucir. J’y ai retrouvé la magie qu’un cirque apporte à un endroit désolé ( comme dans les « ailes du désir » de Wenders dans Berlin ). En sortant de la salle, je me suis demandé ce que je pensais d’un tel film et j’étais incapable de formuler une opinion. Il m’a fallu la nuit pour que les émotions se décantent et que je me mette à écrire. Finalement, cette fable, où les chiens valent mieux que les hommes, ne nous dit-elle pas : « est-ce ainsi que les hommes vivent ? » comme l’écrivait Aragon.