Qu’est ce que c’était beau, je ne sais même pas par où commencer.
Totalement ma came quand le cinéma s’intéresse aux laissés pour compte, quand le cinéma parle des gens dont personne ne parle.
Ici Guan Hu filme des gens qui ont été totalement délaissés par la Chine à l’image de ces chiens errants abandonnés par leurs maîtres. Ces chiens rendus coupables de tous les maux de cette ville à la ruine (toute ressemblance avec l’actualité n’est pas fortuite).
Tout est maitrisé que ce soit la métaphore de la xénophobie en sous-texte ou la maltraitance animale de manière beaucoup plus frontale même si le film ne sera jamais gratuit ou voyeur dans sa mise en scène au niveau des sévices faites aux chiens ce qui aurait pu rendre la chose très malsaine voire contre-productive ou faussement provocatrice. Même si le hors champ est parfois pire que le plein cadre.
Le film va d’abord être dans une frénésie de violence assez dingue pour peu à peu laisser la poésie envahir la mise en scène à mesure que notre protagoniste mutique va s’attacher à cette bête.
Black Dog n’est jamais misérabiliste bien qu’il aurait pu tomber dans cet écueil, jamais tire-larme même si on l’aurait volontiers pardonné (en plus les animaux c’est la corde sensible). Lors des séquences tristes le réalisateur va vite passer à autre chose sans en rajouter et toujours filmer ces scènes avec beaucoup de respect et de dignité notamment avec des plans larges avec cet immense désert ou cette immense ville laissée à l’abandon et qui n’est plus que hantée par les chiens. D’ailleurs il y a une telle véracité dans ces décors qu’on y croit à chaque instant, cette ville qui grouille de chiens de partout rend tout ça tellement crédible.
J’ai aussi beaucoup aimé la fin, de la triste naît quelque chose de beau et d’optimiste pour la suite. Très émouvant.