Africa Power

Cela fait pas mal de temps que je me suis bien lassé de Marvel, l'arrivée de ce « Black Panther » ne me faisant donc ni chaud ni froid, simplement intrigué par l'idée de voir (enfin) un super-héros inconnu (du moins me concernant) sur nos écrans. Et je dois avouer que la surprise a été plutôt agréable. Éminemment dépaysant, ayant l'habileté de se reposer sur un schéma narratif un peu différent tout en assumant un côté « James Bond » plutôt sympa, Ryan Coogler rend un bel hommage à la culture africaine dans son ensemble, notamment à travers ce pays imaginaire qu'est le Wakanda, la très belle photographie (certes numérisée, mais ça passe plutôt bien) donnant par moments une vraie pureté à ce décor de rêve.

Bon, après ça reste du Marvel, on voit un minimum ce qu'on s'attend à voir (heureusement, j'ai envie d'écrire), la dimension « politique » évoquée par certains restant pour le moins discrète, d'autant que les « bad guys » ne crèvent pas franchement l'écran, notamment Andy Serkis dans un rôle franchement anecdotique. Mais bon, le scénario a une certaine consistance et il y a une galerie de seconds rôles assez chouettes (notamment Martin Freeman et Danai Gurira), Chadwick Boseman se montrant particulièrement charismatique dans le rôle-titre. C'est plus inégal concernant les scènes d'action, certaines valant vraiment le coup, les autres manquant d'envergure, notamment par une durée trop courte (notamment l'affrontement final). Pas de révolution au pays des super-héros, mais un beau spectacle en perspective, sans doute le meilleur titre des studios depuis un bon moment : le renouvellement, ça a parfois du bon.

PS : après revisionnage à la télé pour une comparaison avec sa suite, je retrouve à peu près ce que j'ai écrit il y a quatre ans, d'autant qu'il faut évidemment prendre en compte la taille beaucoup plus réduite de l'écran. Mais force est de constater que mon affection pour Marvel a fortement baissé au fil des ans. Je n'y vois désormais que des divertissements calibrés, se voulant, certes, plus progressiste et « ouvert sur le monde », sans que ne se dégage une personnalité, une identité claire. Souvent lisse, « Black Panther » compense un curieux manque de second degré par la fierté des personnages vis-à-vis de leurs origines et d'un méchant plutôt charismatique, qui aurait toutefois pu être encore plus complexe. Dommage, surtout, que le montage saccadé des scènes d'action, empêche une réelle visibilité, leur dimension très spectaculaire nous impactant beaucoup moins qu'elle ne le devrait. Reste un casting et des personnages dotés d'une certaine épaisseur, permettant de nous intéresser un minimum aux événements. Pas déplaisant, loin de là, fort de quelques symboles, à défaut de marquer les esprits sur le long terme.