Je ne cacherai pas les réticences que j'ai pu avoir à aller voir ce "Black Swan". C'est que, depuis son dernier "Wrestler"(que j'avais d’ailleurs plus que moyennement apprécié) l'ami Aronofsky avait déclaré sa flamme au cinéma des Dardenne, ce qui me laissait présager du pire concernant ce film. Alors c'est vrai que ce qui choque tout de suite avec "Black Swan" c'est ce goût de la camera mouvante, parfois tremblante, le tout sur fond de danse classique qui plus est... Bref tout pour confirmer mes craintes. Pourtant, je pense que malgré tout, il reste difficile de rester insensible à l'art virtuose du mouvement qu'a le maître Darren, si bien que le film parvient à capter suffisamment l'attention pour qu'on ne s'ennuie pas. En tout cas, bien en prendra ceux qui sauront se mettre dans ce début de "Black Swan" car le film est un modèle de montée progressive en puissance. De minutes en minutes, Aronofsky revient aux sources de son art, sachant user d'effets visuels et d'un rythme absolument parfait, le tout s'appuyant sur une interprétation remarquable du duo Portman/Cassel. Au final, je me suis totalement laissé emporter par le tourbillon qu'est "Black Swan" tant cette plongée dans les ténèbres fut maîtrisée au point d'atteindre une forme de transcendance pure de la forme, laissant formidablement de côté les paroles superflues au profit d'un souffle considérable qui transpire de chaque plan. En résumé, grâce à l'art, cette simple histoire de danseuse qui n'avait rien pour me parler m'a totalement pénétré. Je pense que c'est à ça qu'on reconnaît le grand art ; c'est à ça qu'on reconnaît un chef d'œuvre.