BLACK SWAN trouve sa place au sein d'une série de films tous profondément inspirés des CHAUSSONS ROUGES (le plus incontournable des chefs-d'œuvre du duo Powell/Pressburger), parmi lesquels se trouvent les évidents PHANTOM OF THE PARADISE et SUSPIRIA, auxquels il fait d'ailleurs aussi allusion.
Du classique de 1948, le dernier Aronofosky retient l'univers de la danse (commun aux quatre films cités ici), la destinée tragique de l'héroïne, la diabolisation et l'iconisation de la figure de l'artiste, ou encore le thème du dévouement pour un Art (idée séduisante à priori, mais pathologique en l'occurrence). A cela le réalisateur de THE WRESTLER ajoute une atmosphère polanskienne, la question du dédoublement de personnalité (avec ce que cela implique d'effets de miroirs), une figure maternelle possessive (la Mater de SUSPIRIA) et entreprend une actualisation, parfois maladroite mais passionnante, de tous ces points essentiels. Par exemple, pour le public contemporain, BLACK SWAN est explicitement sexué et fait régulièrement allusion à l'usage de drogues (la scène de la boite de nuit est d'ailleurs prétexte à des expérimentations argentesques).
Si le film est virtuose, c'est bien parce qu'il mixe toutes ces influences et thématiques, et les synthétise sans trop de heurts.