Modèle de rigueur, Nina croque dans la vie comme on enfile un corset. Ascète appliquée, poupée fabriquée par une mère qui vit sa carrière par procuration, la jeune femme fait à la perfection ce qu'on lui dit de faire. Comme une ballerine de boîte à musique. Sauf que se lâcher, mettre un grain de folie dans ses exercices répétés jusqu'à l'épuisement, on lui a pas appris. Et forcément, quand on lui demande de sortir des clous...
Aronofsky avait la tâche facile dans "The Wrestler". Filmer un corps détruit, mutilé par des années au service d'un spectacle, c'est plutôt simple quand le cobaye s'appelle Mickey Rourke. Réussir à transformer Nathalie Portman en monstre, en créature flippante, c'est autrement plus balèze.
Des omoplates aux orteils, Nina/Natalie se mue en une chose inquiétante. La petite fille sage de Léon est enterrée d'un trait de plume. Ne reste qu'une désaxée qui baise comme elle jouissait du quotidien. Le sexe devient anxiogène, étouffant. Aussi malsain que chez Cronenberg.