Bleeder, c'est "l'amour et la violence", comme le résume le synopsis du film. Mais l'amour et la violence ne sont pas où l'on croit... Leo (Kim Bodnia) est en couple, attend un enfant avec sa femme Louise (Rikke Louise Andersson)... Tout sourit aux deux protagonistes malgré leur pauvreté et l'appartement insalubre dans lequel ils vivent. A l'inverse, Lenny (Mads Mikkelsen), jeune employé d'une vidéothèque, reste en marge des autres, introverti, et semble bien en peine quand il s'agit d'adresser la parole à une vendeuse dont il tombe amoureux (Liv Corfixen). Mais au fur et à mesure du film, c'est ce couple mal assorti qui va être le plus fort, là où la peur d'avoir un enfant entraînera Leo et son couple dans une spirale de violence qui déteindra sur plusieurs personnages, et notamment celui de Louis, le frère de Louise (Levino Jensen)...
On retrouve dans ce film de 1999 les prémices de ce qui sera l'ADN des films de Winding Refn : un héros quasi mutique et dénué d'expressions, un attrait prononcé pour une violence froide enracinée dans des personnages sans aucun manichéisme. Mads Mikkelsen, plus de dix ans avant Ryan Gosling, incarne avec brio ce personnage tout en réserve et en subtilité, fasciné par Liv Corfixen comme l'est Ryan Gosling par Carey Mulligan dans le film Drive. Metteur en scène expérimental, qui a poussé à son paroxysme l'exercice de style avec The Neon Demon, Nicolas Winding Refn imposait déjà sa vision du cinéma, inspirée par de nombreux maîtres évoqués dans le film par le biais de son alter-ego Lenny. Bleeder est sans aucun doute une des oeuvres les plus personnelles de Nicolas Winding Refn.