Deuxième film de Nicolas Winding Refn, qui reprend une grande majorité du casting de Pusher, Bleeder est du genre bicéphale. Deux histoires sur deux formes d'amour opposées, à savoir un homme qui ne sait comment gérer que sa copine soit enceinte, en particulier d'assurer un avenir à son enfant, et un employé d'un vidéoclub qui rencontre une jeune femme, mais qui a beaucoup de mal à lui parler, étant d'une timidité maladive.
Par ces deux contraires, Refn veut nous confronter aux frontières de l'amour, en particulier celui de Léo, joué par Kim Bodnia, qui n'arrive pas à exprimer clairement ses sentiments, autrement qu'en rudoyant sa compagne, jusqu'à l'insoutenable. Quant à Mads Mikkelsen, qui est cet employé de vidéoclub qui n'arrive pas à parler autrement qu'en cinéma, notamment à égrener à toute vitesse des noms de réalisateurs, il est fortement inspiré du réalisateur, cinéphile acharné, et cette jeune femme, que joue Liv Corfixen sera réellement son épouse dans sa vie. La réalité rejoint parfois la fiction...
On retrouve aussi Zlatko Burić, présent dans la trilogie Pusher, qui incarne le patron de Mads Mikkelsen.
On retrouve quelque part les germes du cinéma de Refn, avec d'une part la grande violence de Léo, l'amour presque fétichiste du cinéma de genre, avec Mads Mikkelsen qui vit dans un minuscule appartement avec néanmoins de gigantesques affiches de films aux murs, la scène en boite de nuit avec un filtre rouge qui annonce The Neon Demon, l'arrivée d'un enfant qui reviendra dans Pusher II et surtout, cette histoire d'amour naissante quasi silencieuse qui ne peut que faire penser à Drive.
C'est filmé comme dans Pusher, caméra au poing, avec la rage au ventre, et un Danemark qui n'a l'air encore de regrouper des voyous à chaque coin de rue, mais Bleeder s'inscrit complètement dans la filmographie de Nicolas WInding Refn, pour un résultat très intéressant.