Ana de Armas est stupéfiante en Marilyn Monroe, son maquillage, sa coiffure et ses robes aident l’œil à se tromper, à ne plus savoir si l'on regarde des images d'archive ou un remake soigné. On se laisse donc vite porter par la mise en scène addict des délires hallucinatoires (les cauchemars éveillés d'une jeune vedette dont le passé difficile la ronge, et le présent qui la façonne comme un objet sexuel la rend maboule), des plans-séquences (la scène de la maison en feu : wow. Juste : wow.) et des scènes dénudées où l'on cache astucieusement "l'acte" (en hors-champ, déformé...). Évidement, on se prend vite de pitié pour la pauvre Marilyn, qui sera passée directement de poupée passe-nerfs pour sa mère à poupée passe-désirs pour les producteurs (Weinstein avant l'heure...), les spectateurs (qui ne vont pas au cinéma pour le scénario ou pour son jeu...) et ses maris (sois belle et sois à moi). Blonde ne nous épargne rien des déboires de la vedette, on découvre la vie moins glamour que la légende qui en est restée, Ana de Armas rendant un bien bel hommage à la femme derrière le fantasme, redonnant beaucoup d'humanité et de profondeur à un poster de chambre d'ado. Si les américains trouvent à redire à son accent hispanique, pour notre part nous n'avons pas l'oreille assez affutée pour avoir décelé ce fameux accent de la discorde, aussi le choix de Ana pour porter le film à bout de bras est un excellent choix, car elle donne tout, surtout dans les scènes difficiles, et signe certainement la performance la plus audacieuse de sa carrière. Présente au Festival de Deauville pour l'avant-première du film, inutile de dire que la Dame a un charisme naturel qui rappelle la fameuse blonde... Notre affection pour Marilyn est mise à rude épreuve devant la tristesse de sa vie, et devant sa finalité (bien que le film, s'appuyant sur la version du roman biographique éponyme, choisit
la thèse du suicide
là où le mystère restera certainement toujours entier...). Certains l'aimaient "chaude", mais la bougie dans le vent a fini par s'éteindre, et notre cœur avec.