Ruinée par son mari affairiste véreux (avatar d'un Bernard Madoff, peut-être), Jasmine est hébergée par sa soeur pas rancunière dont elle n'a jamais cessé de mépriser, en femme riche, oisive et snob de la haute société, l'existence plébéienne et vulgaire.
Woody Allen filme une Jasmine dépressive, inapte à sa nouvelle vie précaire et incapable de se mélanger aux amis de sa soeur Ginger. Doit-on s'amuser, moquer ou plaindre cette femme que son égoisme et son mépris de classe rendent détestable, en même temps que son désarroi et sa déroute personnelle présentent si pathétique? Woody Allen ne tranche pas tout à fait en proposant dans sa fable un portrait plutôt amusant, voire caricatural, ou perce néanmoins la vraie détresse du personnage de Cate Blanchett (belle prestation de la comédienne qui sait se "faire minable").
Au moyen de quelques flashback, le cinéaste montre ce que son héroine déchue a perdu, et suggère comment elle a vécu en se posant si peu de question et de cas de conscience dans son milieu élitiste et friqué. Elle est blonde autant que sa soeur est brune, et le parallèle entre les deux, le parallèle entre l'Amérique d'en bas et le monde de Jasmine n'est pas exempt d'un schématisme un peu facile.