Femme au bord de la crise de nerfs.
Si je devais résumer ce film en deux mots, ça serait : Cate Blanchett. Ce qu'elle y fait est sidérant, en femme blessée qui essaie par tous les moyens de s'en sortir, mais dont la vie la ramène toujours plus bas que terre. C'est le douloureux portrait d'une femme qui a tout perdu, à la suite d'un scandale financier provoqué par son mari, et qui doit fuir vers la côte Ouest pour rejoindre sa sœur, qu'elle déteste, afin de tenter de refaire sa vie. Problème : comment travailler à plus de 40 ans lorsqu'on n'a rien fait auparavant, à part être entretenue ?
Le regard posé par Woody Allen peut être cruel, mais il n'est jamais sur le ton de l'antipathie. On la voit essayer de s'en sortir, faire des petits boulots, mais elle est soit draguée à l'excès, soit son caractère de petite bourgeoise semble revenir, à croire qu'elle ne peut pas redescendre de sa tour d'ivoire, y compris lorsqu'elle semble rencontrer à nouveau l'amour, en se faisant passer pour ce qu'elle n'est plus ; une femme d'importance.
On a envie de la voir s'en sortir, d'autant plus qu'elle est détestée par sa sœur et son copain, qu'elle descend sans arrêt, mais son caractère affirmé lui jouent bien des tours. Ainsi que le destin, comme une rencontre fortuite avec son ex-beau-frère devant une bijouterie qui va complètement relancer la donne pour elle, mais de manière tragique.
Il y a bien entendu quelques scène où l'on sourit, surtout avec la sœur de Jasmine, jouée par Sally Hawkins), mais ça reste une lente descente aux enfers sur fond de jazz.
Avec son casting tout simplement magique (tous sont exceptionnels, y compris la toute petite apparition de Louis C.K.), Woody Allen réussit un film d'exception, un des meilleurs de son œuvre immense, et porté en cela par 'l’immense Cate Blanchett dont on se régale à la voir évoluer peu à peu, jusqu'à la scène finale où elle a clairement largué les amarres.