Film de Rapman, rappeur britannique, Blue Story se tient à "Southwark", un quartier londonien dans lequel nous suivons majoritairement deux jeunes amis, Timmy et Marco. Cependant à travers leurs connaissances et différentes rencontres, la relation des deux adolescents entre eux et avec le monde va radicalement évoluer, confrontés à la violence de leurs lieux de vie.
Film parlant de la violence entre les jeunes de différents gangs à Londres, le film est sans aucun doute très personnel pour Rapman. Ayant lui aussi grandi dans ce quartier, il a sûrement dû être confronté à ce déferlement de violence, à des familles pleurant leurs enfants et à des vies envolées.
Si j’ai passé un moment agréable devant le film (enfin agréable non, c’était pas un divertissement super joyeux où tout le monde est heureux) et ai été surpris de sa dimension musicale, l’attachement que Rapman a pour son sujet est à la fois la force et la faiblesse de son film. Plongé dans ces gangs, leurs guerres, le film arrive à nous prendre aux tripes, notamment grâce à certains évènements marquants et franchement bien filmés. Malgré la multitude de personnages émergeant, on comprend aisément leurs motivations et leurs actions. Cependant, j’ai l’impression que Rapman veut trop en dire. Car si les motivations de chacun sont clairement perceptibles, elles sont trop nombreuses. Si nous avons deux personnages qui font vraiment le cœur du récit, Timmy et Marco, les seconds rôles prennent beaucoup de place et sont trop nombreux. Toutes ces intrigues obligent le film à survoler la plupart des scènes. S’il y a une scène de tuerie, la scène se passe, bien mise en scène, mais nous passons directement à un tout autre personnage.
Le ressenti que j’ai par rapport au film est assez étrange. J’ai l’impression d’avoir une compilation de court-métrages traitant de la même histoire et je trouve que le film aurait gagné à avoir 30 minutes de plus, pour parfois pouvoir poser certaines scènes pour que l’on puisse avoir le temps de le digérer. Tout passe si rapidement, mais cela ne crée pas un sentiment d’empressement (en tout cas pas tout le temps), cela crée un sentiment de non-gravité, à peine on assiste à cette scène qu’on passe à autre chose. Et même si elle est importante pour le protagoniste, elle n’a pas l’air de l’être pour nous.
Je ressors du film avec un goût extrêmement amer, sentant que le film aurait pu être bien meilleur si l’on accordait plus d’importance aux scènes fortes du film. D’autant que, si le scénario est assez classique, Rapman arrive parfois à sublimer ses plans. Un autre point décevant, les chansons. Elles prennent le rôle d’une voix off et n’ont finalement aucun intérêt. Trop courtes, elles ne servent finalement qu’aux spectateurs narcoleptiques qui n’ont pas suivi assidûment le film, puisqu’elles ne font que résumer les moments forts.
Malgré les bonnes intentions et certains aspects maîtrisés, Blue Story reste un film assez bancal et trop rapide.