J'avais beaucoup aimé "The Place Beyond The Pines", le film suivant du réalisateur Derek Cianfrance, une fresque familiale étalée sur plusieurs générations, un peu inégale mais construite autour d'un scénario remarquable.
J'espérais retrouver certaines caractéristiques similaires dans "Blue Valentine", tourné 3 ans auparavant, mais les deux films n'ont presque rien en commun - si ce n'est la présence de Ryan Gosling. La mise en scène classique et élégante laisse place à un style "indé", basé sur une caméra portée, une photo brute, des scènes qui s'étirent, et une interprétation faisant la part belle à l'improvisation.
De même sur le plan narratif, le récit choral est abandonné au profit d'un scénario minimaliste, centré sur l'observation d'un couple à la dérive. Le film est construit sur deux lignes temporelles distinctes : on suit d'abord un ménage de trentenaires fatigués, parents d'une petite fille, avant de découvrir ces jeunes gens une dizaine d'années plus tôt, au moment de leur rencontre. Evidemment, la situation a beaucoup évolué...
"Blue Valentine" repose donc énormément sur le travail des comédiens, et le film parlera à chacun en proportion de son empathie pour le duo composé de Ryan Gosling et Michelle Williams.
A titre personnel, si je suis admiratif du travail de Gosling, que l'on découvre dégarni et fatigué dans les premières scènes, en mode beauf-redneck, en revanche Michelle Williams a tendance à me laisser froid ; une comédienne douée, sans aucun doute, mais qui ne me "touche" pas à titre personnel : un physique trop commun, un manque de grâce, un côté petite fille qui me déplaît.
Un ressenti subjectif, évidemment, mais qui aura freiné mon identification, et minimisé mon implication émotionnelle.
Je suis certain que cette auscultation d'un couple en crise, porté par une autre vedette féminine, m'aurait davantage ému et troublé.
En l'état, "Blue Valentine" reste un bon film, une chronique conjugale qui rend compte avec subtilité et délicatesse de la fragilité des sentiments face au poids du quotidien.