Visionner un film sur les battles de Rap, d'autant plus une comédie, c'est s'attendre à y voir tous les clichés du milieu grossièrement balancés. Au vu du précédent film de Joseph Khan, on n'est pas plus rassuré, mais la présence d'Eminem en producteur interpelle tout de même. Quand ce thésard blanc est parachuté sur scène et déploie une verve habile et référencée, on prend vite goût aux échanges fleuris qui pullulent. Bien conscient de la culture afro-américaine de rue, et de la misogynie qui en découle, le long-métrage les assimile et en joue via un humour agressif, toujours justifié par son contexte et opportunément placé. Calum Worthy excelle dans son rôle d'étudiant blanc se gavant de son succès au sein de ce milieu communautaire, à mesure qu'il enchaîne les trash talks humiliants. C'est évidemment à voir en VO pour profiter du flow sur les sonorités, des jeux de mots, et de ces insultes toujours plus créatives et ultra-violentes. Chaque altercation devient une mise à mort verbale pour le protagoniste qui en oublie le simple aspect divertissant, à l'instar d'un ring de catch. Khan déploie un montage très dynamique, avec affichages à l'écran pour souligner les punchlines, plans vifs réagissant aux attaques des rappeurs et un paroxysme ultra-nerveux sur les trente dernières minutes, digne d'un climax d'anime très sombre.