Yann Gozlan, je connais uniquement pour « Un homme idéal », polar plutôt réussi, déjà avec Pierre Niney. Ajoutez à cela une bande-annonce prenante, un bon sujet et des critiques positives : tout était au vert pour découvrir cette fameuse « Boîte noire ». S'il y a toutefois un aspect par lequel brille ce film, c'est la mise en scène. J'en étais presque « choqué » tant j'ai perdu l'habitude de voir une œuvre bien réalisée, inventive, à l'ambiance très soignée, exploitant à merveille sa dimension obsessionnelle, paranoïaque, au point de nous faire légèrement vaciller dans nos certitudes.
À la fois extrêmement référencée tout en traçant sa propre voie, l'œuvre a l'intelligence d'éviter presque toutes les lourdeurs et situations inhérentes au genre, et quand elle le fait, c'est avec suffisamment d'habileté pour que ça ne soit jamais gênant. Il y a une dimension très immersive, très intense dans cette enquête (trop) complexe, si bien que je n'avais jamais envie que celle-ci se termine, à la fois impatient de connaître le fin mot de l'histoire tout en prenant un réel plaisir à me faire « balader » par ces fausses pistes et ces personnages volontiers ambigus.
C'est toutefois sans doute là que le résultat trouve ses limites : si la mise en place est excellente et la première heure relativement claire, la suite devient parfois difficile à suivre tant les enjeux, les manipulations, les personnalités troubles se multiplient, si bien qu'on ne sait parfois plus trop où en est-on dans l'investigation, le dénouement (du moins la toute fin) n'étant pas totalement à la hauteur du reste. De quoi en sortir légèrement frustré, sans remettre en cause le brillant travail orchestré par Yann Gozlan, aussi bien visuel que sonore (certaines scènes sont renversantes, notamment techniquement), porté par un Pierre Niney dans son meilleur rôle, impeccablement entouré de part et d'autre. « Boîte noire » ou la résurrection des plus beaux thrillers 70's signés Sydney Pollack et Alan J. Pakula.