Je précise que je ne connaissais pas du tout l'histoire de Ravel ni de la création du Boléro avant de voir ce film.
L'histoire était intéressante pour suivre le processus créatif de ce compositeur de génie et son point de vue sur la chose. Raphaël Personnaz interprète très bien Maurice Ravel, pour ceux qui lui donne la réplique à part Jeanne Balibar et un peu Doria Tillier, c'était pas phénoménale. Les décors et l'ambiance du début du XXème siècles sont très réussis, on est rapidement immergés. Environnement sonore très intéressant, et en même temps c'est ce qu'on attend quand on regarde un film sur un compositeur.
Pour allez plus en détail dans le film :
Sympatique générique au début du film avec plusieurs reprises du Boléro de Ravel dans différents styles, de différents horizons, montrer dans des extraits vidéos qui fait échos au message de fin "Le boléro de Ravel est joué au moins une fois tous les quart d'heure dans le monde", pour parler de ce morceau très personnel qui a résonné partout, au delà des frontières, mais j'en reparle après.
La première partie est axé sur la création du Boléro. On a des va et viens de Ravel un peu partout pour à chaque fois entendre quelque notes, des brides de musiques, qui lui permettront de créer le Boléro. C'est un gigantesque puzzle, dont la résolution sera donc méthodique, mathématiques. En miroir au caractère froid, presque sociopathe de Ravel. Mais pourtant avec cette deadline qui le presse et l'étouffement qu'il s'auto-inflige en étant renfermé, l'exorcisation de ses problèmes va insuffler une part de lui dans ce projet. Une part que lui ne voit pas au début mais que les autres ont aperçu et vont lui montrer. Et cela va l'effrayer. Alors qu'il a une très basse opinion de lui-même, dit ne vivre que pour la musique, il ne supporte pas de voir cette facette dans sa musique.
La deuxième partie est donc plus une recherche, via des flashbacks, de la provenance de cette part de lui. Si au début on a une scène de lui plus jeune ( pas un flashback ! Dans la chronologie du film mais antérieur au flashback qu'on verra après) c'est pour montrer son coté obsessionnel pour la musique, plus cérébral. Les flashbacks qui arrivent dans la deuxième partie sont là pour montrer la flamme qu'il a eu pour la musique ou l'amour pour sa mère. On y voit son cœur.
Finalement le public acclame son Boléro, mais Ravel le renie presque. Cette part de lui caché, tout le monde se l'est approprié, elle l'a même dépassé. Les gens ne retiendront que ça de lui et non pas ses autres travaux. Il l'avait dit lui-même que le succès pouvait détruire. Il fini détruit physiquement et mentalement, supplanté par son œuvre qu'il ne reconnait plus et qui l'a écrasé. En tout cas, c'est ce qu'il croit. Quand il se pleint de n'avoir joué que pour les autres, le Boléro est là pour lui prouver le contraire. Et la mise en scène de la fin où il se trouve lui, Ravel, au centre de l'orchestre et non en spectateur, confirme que dans le Boléro de Ravel, il y a Ravel.
Je trouve le film très réussi dans le message qu'il veut faire passer, une agréable surprise.