Entre ses doigts
1927: Maurice Ravel, en panne d’inspiration et doutant sérieusement de la légitimité de son existence, est prié par la chorégraphe et danseuse Ida Rubinstein de composer son futur ballet. Séchant sur l’origine, une visite dans une usine, un habit et une Muse en Misia pourraient lui venir en aide... ou causer sa perte.
Le voici ce retour d’Anne Fontaine dont le sujet promettait au vue de sa filmographie une expérience auditive forte mélangée à une leçon psychologique sur la gloire cachée. Promesse brillamment tenue si vous avez l’oreille.
Qui n’a jamais entendu ce canon en soi, cette œuvre répétitive pouvant susciter l’interrogation mais finalement captiver par sa tournure, sa rupture arrangée et surtout ce final en totale opposition ? Anne Fontaine parvient à nous livrer une partition géante absolument captivante si comme votre serviteur vous avez cette oreille. De par la source même des percussions inaugurales à l’inspiration du thème; entre le rythme permanent et la forte illustration du final qui touchera et révoltera, cette réécriture en soi magnifiquement interprétée par un Personnaz habité et rappelant par moments Daniel Day-Lewis surtout vers la fin, ainsi qu’une extraordinaire Jeanne Balibar et touchante Doria Tillier vous touchera au plus profond. Entre ses doigts, une brillante œuvre d’Anne Fontaine à recommander vivement...