Au début du XXe siècle, Maurice Ravel perd peu à peu l'inspiration, n'arrive plus à composer, est refusé dans les écoles de musique... Son expérience et son passé durant la Première Guerre Mondiale en tant qu'infirmier vont être une inspiration pour composer le Boléro, son œuvre la plus connue et une musique universelle.
Dans le générique de fin, on apprend que le Boléro est joué une fois toutes les quinze minutes dans le monde, au point qu'on voit cette fois dans le générique de début qu'il en existe plusieurs versions, y compris rock ! Je connais bien sûr cette musique, très belle, mais plus par le prisme du cinéma, où son utilisation la plus connue était dans Les uns et les autres, avec une réalisation un peu folle de Claude Lelouch. Et justement, c'est ce qu'il manque dans ce biopic d'Anne Fontaine, plan-plan comme ça n'est pas permis, filmant tout ça comme si on était dans une époque contemporaine, alors que ça se psse au début du XXe siècle. On ne ressent guère la flamme, l'élan, et il est difficile de s'intéresser à un type comme Maurice Ravel, pourtant très bien joué par Raphaël Personnaz, qui fait tout le temps la gueule, est toujours filmé la tête penchée pour montrer sa solitude, alors qu'on aurait pu connaitre également ses autres opéras, ou alors son asexualité alors qu'il semble attirer les femmes, commes celle jouée par Doriane Tilier ou Jeanne Balibar.
Néanmoins, ce qui sauve le film du naufrage est qu'on voit l'artiste au travail, à chercher avec son piano (on sent que les mains ne sont pas celles de l'acteur), qu'il se repère aux bruits environnants pour l'inspiration, pour au final accoucher dans la douleur d'un opéra qui non seulement ne va pas le satisfaire mais il va être agacé que quelque part, il sera connu que pour ça, alors qu'il a eu une œuvre considérable jusqu'à sa disparition en 1937. Personnellement, j'aurais aimé voir ça sur l'ensemble du film, comment aller contre, mais ç'aurait été sans doute trop négatif.
Peut-être que Anne Fontaine, dont j'aime certains films, n'avait pas les épaules pour un si gros projet, mais je n'y crois pas une seconde dans ces 116 minutes d'ennui, à l'image de la fin du film où pour suggérer la fin de vie de Maurice Ravel, on saupoudre les cheveux gris de Raphael Personnaz, sans aucun maquillage.