Il faut arrêter d'étiqueter Sorín avec le mot « Patagonie ». C'est du marketing et c'est humiliant pour ce réalisateur qui est passé par une collaboration ratée avec les États-Unis pour Eversmile, New Jersey et a pris le temps de se remettre en question pour produire Bombón.
Revenant à des sources qu'il avait désavouées, délaissant le style propre et cannois de Historias Mínimas, Sorín pourrait avoir produit ici le film dont il rêvait. Adressé à personne, à peine critique du style de vie patagonien et même pas vraiment contemplatif (ce qui est compliqué, en fait, quand on tourne dans ces paysages), il abandonne l'idée d'exposer ses arguments pour prendre un peu de recul et simplement partager.
Son seul rajout : le dressage, qui permet à un acteur canin de tenir haut la patte sa prestation en insinuant un des quelques messages du réalisateur : l'animal est un produit commercial. Se retrouvant avec un dogue racé dans les bras, Juan Villegas (le personnage) va trouver sa vie changée davantage que par l'entrée de Sorín dans la vie de Juan Villegas (l'acteur). Propulsé dans un monde d'apparences auquel il ne connaît rien, il va obéir par bonté d'âme à un monde qui en est dépourvu.
Se plongeant dans le quotidien de ses acteurs amateurs comme il sait si bien le faire, concoctant des dialogues qui bougent, montrant des personnages qui s'intéressent les uns aux autres et qui sentent bon les interactions spontanées qu'on regrette parfois en Occident, et enfin s'entourant d'une musique à sa mesure, Sorín n'a pas besoin d'arracher une page à son pays pour nous la montrer : il peut la recopier, et sait même la calligraphier.
La spontanéité : voilà tout le secret de son œuvre, régissant tout, du jeu d'acteur aux scènes du chien. Sauf que ce n'en est pas un (un secret) lorsqu'on est de toute manière le seul à savoir quoi en faire.
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