Voilà donc un western à la The Searchers qui virerait au film d'horreur trash à la Cannibal Holocaust. Mélange improbable de deux grands courants cinématographiques mis en scène par un quasi illustre inconnu au titre étrange : Bone Tomahaw.
Doté d'un casting plutôt haut de gamme : Kurt Russell en shérif avec des bacchantes bien fournies, Patrick Wilson, vu récemment dans l'excellente seconde saison de Fargo, l'ex Lost[-é] Matthew Fox en dandy franc du colt, le vétéran Richard Jenkins en adjoint du shérif vieillissant et la pulpeuse Lili Simmons, nièce pas farouche du Proctor de Banshee, ajouté à cela un David Arquette qui vient faire une purge, et vous obtenez un mélange de trognes plutôt hétéroclite.
Le réalisateur S. Craig Zehler réussit une série B de bonne facture qui même si elle se traîne pendant un premier tiers, et aurait mérité un meilleur traitement visuel, ce dernier s'avérant incapable de magnifier les grands espaces westernien.
Je lis des critiques dithyrambiques vantant les énormes qualités graphiques de ce film où les grands espaces sont mis en valeur par un réalisateur génial... faudrait peut-être se calmer et revoir ses classiques hein... voir comment un Anthony Mann ou un André De Toth savaient mettre en valeur le genre avec une maestria qui relègue ce sympathique petit réalisateur au rang d'étudiant de première année.
Donc, je dirai que ce n'est pas du côté du style qu'il faut chercher les qualités de cette sérié B de facture somme toute plutôt acceptable. C'est plutôt dans le traitement de fond des personnages, montrer sobrement sans esbroufes ou effets de style pompeux... n'est-ce pas Mr. Tarantino... que Zehler touche au but. Un traitement proche du classicisme westernien haut de gamme, qui prend son temps, qui fait plaisir et surprend en ces temps où tout doit aller vite.
Après un second tiers plutôt intéressant montrant la progression des personnages dans des paysages fantomatiques qui fait basculer le film dans une dimension étrange et assez inquiétante, on sent poindre l'inéluctable.
La dernière partie du film bascule dans l'horreur sans concessions à la Cannibal Holocaust, avec notamment une scène de scalp ahurissante de brutalité, on est dans le pur film d'horreur gore.
Habile mélange des genres, sobrement mis en scène, et plutôt bien interprété, ce petit film artisanal, laisse envisager un avenir intéressant pour son réalisateur pour peu qu'il parvienne à mieux gérer l'utilisation du cadre et à garder en tête cette évidence Fordienne qui consiste à comprendre que le western est un genre éminemment géographique.