Cette fois c'est dans le vaudeville qu'Ozu emprunte les mécanismes narratifs et schématiques de sa réalisation.


La famille est toujours au centre du cadre qu'il utilise comme personne, puisque c'est en son sein que se déroule toute forme d'action et de mouvement. Le mouvement c'est la vie mis au service du cadre qu'il magnifie de par une forme d'épure touchant au suprême.


L'histoire de deux enfants qui décide de contester l'autorité de leurs parents en usant de la grève de la parole, ces derniers leur refusant d'aller visionner des combats de sumo sur la télévision de leur voisin. Brodant son intrigue sur un schéma narratif qui pourrait s’avérer limitatif chez un autre, Ozu enchaîne une succession de scènes cocasses mettant en scène les élucubrations de ces deux rebelles en herbe.


Le titre qui sonne comme un rappelle à l'ordre, ne pas omettre les éternels formules de politesse "bonjour", "merci", "comment allez-vous?", comme lien de sociabilisation entre voisins, et échelle de mesure de respectabilité hiérarchique dans le cocon familial, initie le récit de l’œuvre basée sur le relationnel inter-générationnel.


Avec son style fait d'épure, de dialogues fait de petit rien, et d'ellipses sur l'évaporation du temps, Ozu sait montrer comme personne la famille japonaise et son évolution dans son époque. Pour comprendre le Japon et le mode de fonctionnement de sa société, il faut voir les films de ce réalisateur.


Avec un manièrisme très rigide d'apparence dans la construction des ses plans, découlant de la perfection du cadre, où tout est rangé, classé, à la géométrie parfaite, son cinéma use ici d'un ton résolument tourné vers le comique de situation et la tendresse qui en découle.


Malgré ces airs très ponctuels, il n'oublie pas d'égratigner certains travers de cette modernité naissante, avec l'arrivée de cette télévision comme vecteur de dé-sociabilisation des masses. Mais il ne reste pas figé dans une époque, cette récurrence qui empêche tout mouvement, donc toute évolution, avec ses personnages entre deux âges qui savent regarder vers l'avenir, et ces enfants qui reprennent le chemin de l'école et cette fameuse parole dont ils se se seront privés pour finalement arriver à leur fin.


Découlant d'une simplicité dans sa texture et sa mise en application, ce film est résumé dans son titre évocateur, ces petits riens qui disent beaucoup.

Créée

le 11 nov. 2016

Critique lue 245 fois

3 j'aime

Critique lue 245 fois

3

D'autres avis sur Bonjour

Bonjour
Docteur_Jivago
8

Main Basse sur la Télévision

Dans son postulat de base, Bonjour évoque forcément Gosses de Tokyo, où dans les deux cas on retrouve des gamins qui vont affronter leurs parents, allant jusqu'à la grève de la faim, sauf qu'ici...

le 9 sept. 2017

34 j'aime

8

Bonjour
Moizi
8

Hula Hoop de bonheur

Il me semble que j'ai vu mon dernier Ozu il y a plus de six ans suite à un film de lui que j'avais moyennement apprécié alors que j'avais adoré tous les autres et ça m'avait stoppé net dans mon élan...

le 7 nov. 2017

29 j'aime

Bonjour
Alexis_Bourdesien
7

Allez ! Tous Ozu de Beauval !

Malgré mon amour naissant pour le cinéma japonais, à part Kurosawa, je ne connais que peu la filmographie des plus grands réalisateurs nippons. Et Ozu en fait partie. Certes j’ai vu Voyage à Tokyo,...

le 3 mai 2014

28 j'aime

4

Du même critique

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

19 j'aime

2

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5