Cette fois c'est dans le vaudeville qu'Ozu emprunte les mécanismes narratifs et schématiques de sa réalisation.
La famille est toujours au centre du cadre qu'il utilise comme personne, puisque c'est en son sein que se déroule toute forme d'action et de mouvement. Le mouvement c'est la vie mis au service du cadre qu'il magnifie de par une forme d'épure touchant au suprême.
L'histoire de deux enfants qui décide de contester l'autorité de leurs parents en usant de la grève de la parole, ces derniers leur refusant d'aller visionner des combats de sumo sur la télévision de leur voisin. Brodant son intrigue sur un schéma narratif qui pourrait s’avérer limitatif chez un autre, Ozu enchaîne une succession de scènes cocasses mettant en scène les élucubrations de ces deux rebelles en herbe.
Le titre qui sonne comme un rappelle à l'ordre, ne pas omettre les éternels formules de politesse "bonjour", "merci", "comment allez-vous?", comme lien de sociabilisation entre voisins, et échelle de mesure de respectabilité hiérarchique dans le cocon familial, initie le récit de l’œuvre basée sur le relationnel inter-générationnel.
Avec son style fait d'épure, de dialogues fait de petit rien, et d'ellipses sur l'évaporation du temps, Ozu sait montrer comme personne la famille japonaise et son évolution dans son époque. Pour comprendre le Japon et le mode de fonctionnement de sa société, il faut voir les films de ce réalisateur.
Avec un manièrisme très rigide d'apparence dans la construction des ses plans, découlant de la perfection du cadre, où tout est rangé, classé, à la géométrie parfaite, son cinéma use ici d'un ton résolument tourné vers le comique de situation et la tendresse qui en découle.
Malgré ces airs très ponctuels, il n'oublie pas d'égratigner certains travers de cette modernité naissante, avec l'arrivée de cette télévision comme vecteur de dé-sociabilisation des masses. Mais il ne reste pas figé dans une époque, cette récurrence qui empêche tout mouvement, donc toute évolution, avec ses personnages entre deux âges qui savent regarder vers l'avenir, et ces enfants qui reprennent le chemin de l'école et cette fameuse parole dont ils se se seront privés pour finalement arriver à leur fin.
Découlant d'une simplicité dans sa texture et sa mise en application, ce film est résumé dans son titre évocateur, ces petits riens qui disent beaucoup.