Dans ma découverte du réalisateur Ozu, "Bonjour" me semble atypique.
A deux points de vue.
1. Une comédie
Même si ses films sont rarement tristes, celui-ci est particulièrement léger.
La musique aide beaucoup, notamment lors des intermèdes ("virgules" sous forme de plans fixes)
Le ton est badin, y compris dans les instants potentiels de tension. Même quand les cancans du voisinage commencent à virer aigres ou que la situation pourrait basculer dans le dramatique, cela ne dure guère longtemps. Et la musique - toujours elle - rappelle que l'instant n'est pas vraiment à la gravité.
2. Des interrogations explicites
Contrairement aux films "Le Goût du saké" ou "Fin d'automne", Ozu décide d'attaquer explicitement les sujets de fond. Les protagonistes vont donc s'interroger en même temps que les spectateurs sur 2 sujets clés :
- la modernité (thème récurrent chez le réalisateur), que ce soit à travers les "vêtements occidentaux" ou la technologie (télévision en tête) ;
- l'utilité de la politesse. D'où le titre du film...
Le cinéma d'Ozu
L'oeuvre n'en reste pas moins dans la lignée de la filmographie du japonais.
On y retrouve ainsi :
- sa mise en scène particulière qui transporte le charme triste des lieux, des choses et des situations,
- une mise en perspective historique d**'un Japon qui évolue et qui désempare.** Ici via quelques allusions au conflit intergénérationnel ou à la retraite qui laisse les anciens travailleurs désœuvrés et appauvris.
A l'arrivée, sans doute pas l'oeuvre la plus emblématique d'Ozu.
Mais un film facile d'accès grâce à son rythme soutenu.