Joe Gillis, scénariste raté écrit un scénario consacré à Salomé pour une ancienne star du cinéma muet, Norma Desmond, qui a sombré dans l'oubli et qui vit dans la solitude de sa grande maison avec son majordome.
Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard) est un classique de Billy Wilder que je n'avais jamais vu. Cette lacune est désormais comblée. Il s'agit d'une grande comédie dramatique qui flirte avec le film noir et dont le titre est particulièrement bien choisi.
Boulevard du crépuscule est d'abord un témoignage sur un changement d'époque, le passage du muet au parlant, les évocations de Norma Desmond de sa splendeur passée rappelant combien la technique d'expression des comédiens a changé avec l'abandon du muet. A cet égard, Boulevard du crépuscule rassemble dans le film un casting brillant dont d'anciennes stars du muets (figures de cire) comme Buster Keaton. Billy Wilder avait vécu à Los Angeles à partir des années 40 et avait cotoyé nombre des vedettes du cinéma muet qui vivaient, comme son personnage principal, coupés du monde et de leur gloire passée.
Le script du film est particulièrement ingénieux. Je considère qu'il s'agit davantage d'une comédie dramatique que d'un film noir, l'essentiel du film consistant à montrer comment ce scénariste en perte de vitesse cherche à sortir de la prison dorée dans laquelle Norma Desmond l'a progressivement emprisonné, lui faisant perdre tout lien avec la réalité. La grande demeure aux contours gothiques dans laquelle vit l'actrice et le coté désuet de son majordome accentuent encore ce coté décalé et hors du temps.
Si le ton du film est grave, il n'est pas non plus en reste en matière d'humour.
Le film est cruel, cynique et semble assez juste sur l'industrie du cinéma. Il démontre le coté "kleenex" des acteurs tout en dénonçant le coté "enfants gâtés" de certains notamment Norma Desmond.
Le casting du film est excellent: Gloria Swanson excelle dans son rôle d'actrice sur le retour capricieuse, schizophrène et néanmoins touchante (tout particulièrement dans sa dernière "descente des marches"), Erich Von Stroheim est très bon dans le rôle de son fidèle majordome (et ex premier mari!) et William Holden interprète avec beaucoup de justesse le scénariste raté qui a voulu être dans la lumière et qui finira par se brûler les ailes. La force du film réside dans sa capacité à peindre des caractères qui ne sont pas manichéens et dont les ressorts psychologiques sont logiques même s'ils vivent dans le microcosme d'Hollywood.
Figurent également au générique et dans leurs propres rôles la journaliste Hedda Tooper et le metteur en scène Cecil B de Mille.
Nominés 11 fois au oscars, Boulevard du crépuscule en a obtenu 3.
Ma note: 9/10