Parce qu’il est tous les drames petits, grands et ordinaires ou extravagants.


Une fois encore Billy Wilder montre -avec éclats- son talent, son brio, avec ce Boulevard du crépuscule où viennent s’enterrer amour gloire et beauté.


Joe Gillis, scénariste au bout du rouleau de ses finances, atterrit par un pneu crevé dans une villa aussi étrange et imposante qu’elle est retirée et extravagante. Celle-ci abrite un bien curieux couple : Norma Desmond, grande star du cinéma muet, déchue, y vit recluse avec son majordome, Max.


Dès lors Billy Wilder peut nous servir tour à tour tous les plats de la désillusion. Wilder joue de la mise en scène dans la mise en abîme, le tout en trompe-l’oeil.


Le décor est planté et quel décor ! Une villa baroque débordante de photos de la Star oubliée que fût Norma Desmond (magistrale Gloria Swanson). Elle prendra dans ses rets le peu farouche Joe Gillis (très bon Holden) en panne d’un peu tout. Ceux-là couvés par l’étrange et bienveillant majordome-chauffeur-homme à tout, Max (superbe Erich Von Stroheim).


Billy Wilder navigue en toute aisance dans ce marigot d’Hollywood déchu, pour l’une, et non avenu, pour l’autre; mélangeant les deux il livre un portrait acide et touchant.


Car ce film montre tous les drames. La fuite de la jeunesse, la complaisance au p’tit pied, l’amour perdu, le pathétique des instants de gloire… C’est le versant vitriol de Wilder.
Mais chez lui l’humain ne s’en va jamais loin et il nous attrape par l’émotion qui nous étreint devant la bouleversante composition de Gloria Swanson. Au moment de ce film, elle n’a pas tourné depuis 16 ans ! C’est dire de la possible osmose avec le personnage de Norma. L’actrice, vedette du muet, a seulement tourné 3/4 films parlants avant de se mettre à l’écart. Ce rôle, dirigé par Ce réalisateur, est la rencontre d’une vie pour l’actrice tant elle incarne, tout monstrueux que soit son personnage, par la chair et les sentiments cette Norma
Desmond. Gloria Swanson y est bouleversante, superbement photographiée par John F.Seitz, dont l’ensemble du travail photo sur ce film est un petit chef d’œuvre ! A qui on peut adjoindre Sam Comer : décors, Hans Dreier : direction artistique.
Pour Gloria Swanson c’est Le rôle de sa vie; elle Est Sunset Boulevard cadeau magistral d’un Billy Wilder inspiré. Secondés -les deux ?- par un double, un factotum, telle cette ombre protectrice qu’est Max, subtilement interprété par Erich Von Stroheim.
Un grand moment de cinéma, un gros morceau d’anthologie d’Hollywood.


EB


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le 9 mars 2022

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