Son statut de chef d'oeuvre, « Sunset Boulevard » de Billy Wilder ne l'a pas volé. Prophétique en son genre, le réalisateur filme la vanité et la déchéance du système hollywoodien quelques années avant sont soit-disant avènement.
Beaucoup de films américains des années 50, même ceux de bonne qualité, n'osaient que trop timidement s'écarter des sentiers battus. Wilder, lui, ose, et nous dépeint, à travers la relation à la fois grotesque et vénéneuse entre Norma Desmond, star déchue et narcissique à la beauté fanée, et son gigolo Joe Gillis, scénariste raté aux tendances libertaires, un monde cruel et pathétique qui pousse à la folie, jusqu'à commettre l'irréparable.
Sur un ton résolument noir et satyrique, la qualité de la mise en scène et la narration dynamique pleine d'humour noir arrivent à plonger le spectateur dans ce sombre drame passionnel, d'une très grande justesse et d'une étonnante modernité.
La direction des acteurs est exceptionnelle, le jeu habité de Gloria Swanson et l'inquiétante ambiguïté d'Erich Von Stroheim, dans un rôle secondaire, constituent des performances de haute volée.
Un film brillant et intemporel, une critique acerbe doublé d'un hommage au cinéma, Billy Wilder épate sur toute la ligne. Chef d'oeuvre.