Le chef-d'oeuvre incontesté de Terry Gilliam. Quelque peu boudé en salles lors de sa sortie, comme beaucoup de films en avance sur leur temps, il s'est peu à peu accaparé le statut de film d'exception.
Le film se déroule dans un futur proche dystopique où la bureaucratie prive les individus de leurs libertés. Nous y suivons Sam Lowry, bureaucrate las qui rêve d'émancipation. Un incident informatique entraînant la mort d'un Buttle à la place d'un Tuttle (ou l'inverse, je ne m'en souviens jamais !) déclenche une avalanche d’événements menant au dénouement final. Comme souvent dans ce genre d'histoires, une belle jeune femme est impliquée et représente ici la liberté et l'indépendance que Sam recherche. La chanson qui donne son titre au film symbolise également cette liberté, et est chantée à plusieurs reprises au cours du film.
Ce film est fascinant, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il y a le mélange entre le rêve et le réel. Si, au début du film, la distinction est facile à faire, la frontière séparant les deux s'estompe peu à peu. À la fin du film, on ne parvient tout simplement plus à savoir si ce que l'on voit relève du réel ou de l'imaginaire du personnage. On en vient à chercher les indices laissés par le réalisateur pour nous aiguiller, et à se questionner sur l'existence de certains personnages. Par exemple, le Robin des bois des la plomberie interprété par un Robert de Niro très drôle peut sembler réel au premier visionnage, mais lorsque l'on se rend compte que la phrase qu'il dit et répète plusieurs fois dans le film ("we're all in it together") n'est qu'un slogan politique présent sur des affiches murales, la question peut être soulevée. Le retournement final est d'ailleurs d'une puissance monumentale.
Par ailleurs, Terry Gilliam parvient à mélanger les registres tragique et comique (hérité de sa période Monty Python, indeed) avec une grande virtuosité. Ce film porte une critique assez acerbe de la société telle que Terry la voyait en 1985. Mais là où le film est différent, c'est qu'il utilise le comique pour souligner le tragique de la situation, rendant certaines scènes assez poignantes.
Enfin, on retrouve dans ce film les éléments visuels caractéristiques de l'univers de Gilliam : les ordinateurs futuristes avec des loupes en guise d'écrans en tête. L'utilisation des focales ultra courtes permet ici de filmer les bâtiments de la bureaucratie, froids et immenses, mais aussi les visages inquiétants de ses membres. La scène du début de l'interrogatoire, avec l'entrée de Jack portant son masque de bébé, est à donner des frissons.
En bref, ce film est magnifique. Je ne peux que le recommander !