Dans les années 1980, le film d’horreur teste ses limites, comment aller plus loin dans l’insoutenable. Il le fait parfois avec de la tripaille à gogo ou en abordant de nouvelles frontières. Le genre n’ayant pas souvent les meilleurs considérations pour le sexe féminin à cette époque, des titres comme Humanoids from the deep, Inseminoid ou Breeders vont utiliser l’idée de la femme comme génitrice abusée par une ou plusieurs mystérieuses créatures.


(L'ambiance est posée)


Dans Breeders, des jeunes femmes se sont fait agresser et violer dans de mystérieuses circonstances. La piste pourrait être celle d’un tueur en série, mais le spectateur sait bien qu’il a affaire à une étrange créature qui se terre dans les souterrains de Manhattan.


Une créature, ou plusieurs. Dont on ne sait pas vraiment d’où cette espèce vient, ni comment elle agit. Si une scène semble nous démontrer que c’est en investissant le corps d’autres personnes, le doute est permis à d’autres moments. Le scénario est de toute façon d’une grande légèreté, le film ne se souciant guère de vouloir paraître crédible. Un minimum aurait été appréciable, au lieu, par exemple, de nous faire croire qu’ils ont réussi à trouver de la poussière de briques dans des échantillons génétiques.


Ce qu’il cherche avant tout, c’est à satisfaire l’œil libidinal du spectateur. Toutes les occasions sont bonnes pour dénuder les victimes. Heureusement, elles sont toutes vierges, nous dit-on, c’est comme ça que la créature aime ses jeunes femmes. C’est assez difficile à croire au vu de leurs personnages, de leurs habits révélateurs ou de leur manque de pudeur. Ces starlettes ne laisseront pas beaucoup de traces dans le cinéma, mis à part inscrire leurs corps fins et juvéniles dans ce film. Ce qui peut se comprendre tant l’interprétation est à ce point réduite à son plus strict appareil, les consignes données pour chacune devant être « joue la peur », « crie », « ne bouge plus », « sois inexpressive », « sois sensuelle ». Dans cet ordre là, pour toutes, dans le déroulé du film (attention spoiler), puisqu’une fois violées, emmenées à l’hôpital, elles seront hypnotisées pour se diriger dans les bas-fonds pour surnager dans une piscine couverte de liquide gluant.


Je n’ajouterai rien sur les deux acteurs principaux, dont le manque de charisme et le mauvais jeu sont d’un niveau rare, même pour un film d’exploitation.


Parmi ses effets spéciaux, signalons tout de même de très impressionnantes scène de transformation, de l’intérieur vers l’extérieur, avec un joli torse se déchirant ou une tête se déformant dans un très beau cocktail de gore et de saleté. De bien belles scènes pour les amateurs d’effets spéciaux à l’ancienne. Et à côté de ça, il y a cette créature, un beau ratage, dans un costume en latex dont la tête n’est rien de moins qu’un casque volé à Kamen Rider, mais la coïncidence est évidemment accidentelle. Le résultat est une grosse mouche un peu trop libidineuse.


A ce point là, vous l’aurez compris, on ne regarde pas Breeders à la recherche d’un bon film d’horreur, mais parce qu’on veut du bon nanar, le film bien bête, dont on pourra se moquer. Nanarland a d’ailleurs écrit un article dessus, que je vous invite à consulter. Et Breeders, c’est du bon nanar, il a tout ce qu’il faut.


Mais il est aussi gênant, ce qui nous empêche d'apprécier sa nanardise. De nos jours, avec toutes les polémiques, les scandales sur la place des femmes dans le cinéma, il finirait au bûcher. Malgré ce qu’il peut nous dire, que le viol c’est mal, ce n’est pas une intention qui semble assumée. Il filme avec complaisance le corps de ses jeunes filles. Le spectateur est un voyeur, présent pour une bonne dose d’érotisme et de gore. Tim Kincaid, le scénariste et le réalisateur, n’a pas seulement travaillé pour des films de série B voire Z, mais aussi dans la pornographie. On se doute bien qu’il n’a guère envie de s’occuper de problèmes moraux, d’aspects sociétaux. Des extra-terrestres (à priori) sont là pour s’accoupler avec des femmes (pour coloniser l’espèce humaine, on suppose), point, et tant mieux si c’est crapoteux.


Pour finir, MGM possède les droits du film, et l’édition DVD de 2004, depuis ressortie en Blu-Ray, est d’une grande qualité, quand tant d’autres distributeurs ne passent qu’un léger coup de chiffon sur les bandes. L’image est très propre, surtout pour un film de série Z de cette époque. Il y a même le choix entre plusieurs doublages, mais mieux vaut rester sur celui français de l’époque.

SimplySmackkk
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le 8 nov. 2019

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