Cherche pas, t'es pas prêt pour tant d'originalité...mais alors vraiment pas. C'est sûr que transposer l'épineux sujet et problème du racisme ordinaire dans un monde moderne emplit de magie avait de quoi titiller une curiosité par trop défiée. Ce fut mon cas, je succombai à me pencher sur l'affaire avec la meilleure des intentions. Exit les David Ayer, les sempiternelles gueulantes autour de Suicide Squad et j'en passe... J'avais l'infime espoir de voir là quelque chose de nouveau au milieu de cette vaste blague d'œuvres mélangées et bricolées avec le corps d'autres. Hélas, le drapeau est en berne, j'entends l'écho d'un "non mais je comprends pas c'est la première fois que ça m'arrive", bref, c'est à la fois cliché et extrêmement oubliable. On va y revenir.
Déjà, présentons un peu mieux le contexte pour pouvoir lui tailler son costard comme il le mérite, retenant toutefois quelques vomissures au fond du larynx. Car l'œuvre ne viole rien en toi et que, bon, période de la Noël oblige, soyons tendres avec nos concitoyens comme tu le serais avec l'oncle trucmuche qui te raconterai comment on "s'amusait" pendant la guerre d'Algérie...
Passons sur tout ça pour te conter l'histoire. C'est fort simple, vois-tu : Wade, alias Will Smith avec un belle petite moustache, est un flic comme on en voit partout dans le cinéma, à savoir un physique de maître nageur élevé aux stéroïdes et l'humour giclant à te faire passer Dubosc pour Desproges. Le Wade il a un petit coup de mou, on peut le dire, depuis qu'il s'est pris de la chevrotine directement dans le plexus. Son coéquipier allait pendant ce temps là chercher un burrito et, repérant le suspect, le laissa filer. Pas de bol pour Wade qui, en plus de se taper le pire des collègues, a la chance de faire équipe avec le premier orc policier. Lorsque l'ami Wade revient au turbin et retrouve par la même occasion Nick l'orc, leur est confié une enquête d'apparence mineure. Sur place, cela tourne à la fusillade, aux gangs, aux flics véreux et aux intrigues magiques...
Au delà du fait que le film se veut novateur avec son ambiance fantasy moderne que l'on peut pourtant tout à fait transposer sur les classiques du genre, à savoir bon nombres d'œuvres policières des années 80-90, au delà de cela disais-je, il y a un vrai soucis dans le traitement du racisme. Pour la faire simple disons que c'est vraiment "gros sabots" et peu fin. Pour la faire plus compliqué, on peut y voir là un traitement de surface, cumulant les maladresses jusqu'à créer un formidable état de malaise.
Déjà, jouer sur le fait que la communauté orc est détestée parce que deux millénaires plus tôt ils se sont battus contre le reste du globe, ce n'est pas terrible. Je veux dire, si je croise un touriste Allemand dans la rue je ne vais pas aller le rosser à coup de bûche, ça non (mais passons car la haine ou la méconnaissance de l'autre est intemporelle). De plus, tout cela est montré avec une lourdeur incroyable, faisant des orcs des sous-races gettoïsés portant tous des maillots de football U.S. et causant comme des abrutis.
À vouloir dénoncer le racisme de la sorte, et c'est le cas ne venez pas raconter le contraire, je veux dire, on aurait pas un orc qui serait collègue avec un black histoire d'échanger les rôles. À vouloir dénoncer (sans intelligence) nous disions, on se prend les pieds dans le tapis. Toute l'injustice se dégageant du racisme est fondée sur de fausses croyances et préjugés putassiers, or ici, les orcs sont réellement présentés comme affreux, sales et méchants, comme délinquants sans culture aucune, en opposition aux elfes qui seraient tous des émo-chicos blindés de fric. On imagine le film dans un monde classique à savoir le notre, et l'on obtient une œuvre d'un cliché et d'une maladresse (encore une fois) assez déconcertante.
Si l'on décide d'exclure tout cela, ce qui n'est pas une mince affaire sachant qu'il s'agit tout de même de la toile de fond, on peut dire que Bright n'est certes pas brillant mais parvient à quelques fois faire son travail : nous divertir. C'est simplement dommage d'y retrouver quelques éléments qui ne sont évidemment pas maîtrisés comme le scénario, l'univers (qui est mine de rien bancal), la mise en scène...ce qui fait d'un film quelque chose de plus que des images mises bout à bout en somme. Après, nous l'avons dit, c'est Noël et en cela, nous pouvons affirmer avec une touche d'hypocrisie que Bright est tout de même plutôt agréable à regarder. Agréable mais seulement si l'on souhaite avoir dans l'assiette quelque chose de très simple, qu'on a déjà dégusté mille fois sans pour autant nous avoir déjà rendus malades.