Un couple de fermiers dans une petite ville du Kansas désespère d’avoir un jour un enfant. Une nuit, ils sont attirés par une lumière dans les bois… Tombé du ciel, un enfant venu d’ailleurs les attend. Avec le petit, baptisé Brandon, ils passent douze merveilleuses années, jusqu’à une série d’événements anormaux. Brandon semble doté d’étranges pouvoirs…
Oh là là, ça rappelle tellement rien ce synopsis, n’est-ce pas ? Mais c’est là que Yarovesky surprend. Loin d’être dans la lignée des Superman, Brightburn est une véritable réécriture du mythe. Alors que Kal-El se découvre très tôt un esprit de justicier, Brandon est un être troublé, comme possédé par de mystérieuses voix… « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », disait le philosophe Ben Parker… et aussi une grande tentation de les utiliser pour satisfaire ses instincts les plus noirs. Brandon va peu à peu glisser vers le côté obscur. Il incarne un pseudo-Superman beaucoup plus réaliste, un superprédateur extraterrestre qui ne va pas tarder à considérer l’humanité comme nous, nous considérons les fourmis, n’hésitant pas à tuer pour son bénéfice personnel dès que l’occasion se présente. Kal-El met sa cape rouge pour protéger les Hommes, Brandon la met pour les massacrer des plus sadiques façons.
Malgré tout, il reste du bon en lui, principalement incarné par ses parents. Quand ceux-ci, forcés de contempler les horreurs de leur fils, prendront la décision de le stopper, le peu d’humanité du jeune supervilain disparaîtra. Plus de conflit, Brandon embrassera sa destinée, il a très clairement dessiné ce qu’il voulait : « the world, chico, and everything in it ».
Yarovesky se joue (avec une certaine jubilation, on le sent) de la structure téléphonée et moralisante du blockbuster. Le film mélange les genres, commençant comme un film fantastique classique avec un gros côté thriller, reprenant certains codes du pur film d’action, mais s’accordant des scènes plus intenses jusqu’à embrasser pleinement l’horreur dans sa seconde moitié.
Malheureusement, une bonne démarche de fond ne fait pas un bon film. Les scènes horrifiques sont pour la plupart assez peu inspirées, la montée du suspense vers la fin (quand il est clair que cette famille va se déchirer et que ça va mal finir) est trop vite expédiée, et la mayonnaise ne prend pas vraiment. Dommage, car les effets spéciaux sont réussis. Cependant, ce sont surtout les acteurs qui plombent le film, peu investis dans leur rôle. La mère est supposée être totalement tétanisée à la fin, au comble de la douleur alors qu’elle s’apprête à tuer son propre fils pour le bien de tous : une scène qui devrait constituer un climax dramatique, mais Banks ne donne pas le tiers de ce qu’il faudrait pour être vraiment crédible à l’écran.
Brightburn est une idée bien partie, qu’un tout petit peu plus de maturité cinématographique et un acting décent auraient pu transformer en excellent film. On ne boudera cependant pas son plaisir, et on peut au moins accorder au petit diablotin supermanesque les encouragements du jury !