Je ne sais pas vous, mais moi la sortie d’un nouveau western, ça m’attire autant que ça me rend réticent. D’un côté j’avoue que je n’arrive pas à résister à l’appel de cinéma très codifié qui donne souvent la part belle aux grands espaces et aux aventures humaines primales, mais de l’autre je crains toujours le banal exercice de style ; la démonstration de cinéaste sans originalité qui nous ressert une énième fois la même histoire stéréotypée et sans saveur…


Là, avec ce « Brimstone », j’ai envie de dire que cette fois-ci j’ai fais bonne pioche !
Ah ça ! L’histoire possède une réelle singularité, posant rapidement des personnages très forts, et le tout avec un soin et un savoir-faire magistraux ! Pour le coup, il n’y a vraiment rien à redire – et je pèse mes mots – sur quasiment tous les domaines, ce film a tout d’un grand. La mise en scène sait remarquablement poser les situations, les décors et les personnages. L’écriture est millimétrée. L’intrigue développée capte vite la curiosité, et les révélations qui se distillent régulièrement se révèlent toutes très prégnantes. Le casting est excellent (Je ne suis venu que pour Guy Pierce à la base, mais Dakota Fanning s’est vraiment révélée à mes yeux dans ce film.) Et puis s’ajoute à cela l’irradiante Carice Von Houten. (Rah cette actrice ! Je l’aime !). Et puis, afin de compléter comme il se doit cette liste, je dirais aussi qu’à bien y réfléchir, je trouve que l’angle choisi par Martin Koolhoven pour aborder le genre est quand même vachement intéressant.


En cette période où les personnages féminins commencent à prendre de l’essor et de l’importance dans nos différents médias, le fait de vouloir recentrer le Western sur les figures féminines qui le peuplaient est non seulement une idée qui rafraichit le genre, mais surtout c’est aussi une idée qui est – pour une fois – vraiment bien appliquée.
Parce que bon, je suis désolé, mais qu’il s’agisse du vieux « Mort ou Vif » ou bien encore du récent « Jane Got A Gun », ces deux films présentaient clairement des figures féminines totalement anachroniques par rapport à leur époque. Là, pour le coup, je trouve que ce film sait traiter de la question de la femme au Far-West de manière très pertinente, notamment en nous montrant qu’à cette époque, les femmes, l’essentiel de leur temps, eh bien elles morflaient grave.


Et d’ailleurs c’est peut-être aussi là que se trouverait – je trouve – la limite du film.
Parce que oui, il y a quand-même un détail qui est à prendre en compte, c'est qu'initialement, je n'avais mis qu'une note convenable mais sans plus à ce film. Il m'a fallu du temps pour digérer ce que j'avais vu et pour, après coup, attribuer une grosse étoile supplémentaire.
Pourquoi ? Bah au fond ça n'a tenu qu'à peu de choses. Si je devais chercher ce qui a brimé mon plaisir lors de mon visionnage, ce serait clairement sa noirceur. Pour moi, ce film il est trop noir. Beaucoup trop noir pour moi. Et qu’on s’entende tous bien : sur le « trop noir pour moi ». Ça veut donc dire que les gens qui savent apprécier les films qui s’acharnent vraiment sur leurs personnages devraient être comblés. Mais bon, moi, là j’avoue que le film a vraiment franchi ma limite qui, sur l'instant, m'a empêché de pleinement profiter de sa beauté. Non pas que j’estime que ce film en devient malsain (quoi que…) ou racoleur, c’est juste que ce film pose un tel fardeau sur son personnage principal que ça a généré chez moi une atmosphère beaucoup trop anxiogène.


Et le pire c'est que c'est progressif. Du début jusqu'à la fin, ça ne s’arrête pas !
Pour le coup je reconnais bien la patte néerlandaise de Martin Koolhoven ! Paul Verhoeven n’aurait pas fait mieux en termes de malaise, de sécheresse, et de culture borderline ! Mais bon, le résultat est là. Quelques semaines après le coup de massue, ce film m'entête encore. Pire, je me sens l'envie de le revoir. Et bien ça, pour moi, c'est la marque des grands.


Donc après, pour ce qui est de vous le conseiller ou pas, c'est à vous de voir. Tout dépend si vous aimez ou non les œuvres belles mais rudes. Tout dépend si vous avez le cœur bien accroché. Mais à mon avis, que cela vous plaise ou non. Il me semble que se risquer à prendre deux heures de son temps pour voir « Brimstone », ce n'est pas perdre son temps. Loin de là...

lhomme-grenouille
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le 17 sept. 2017

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