Je n'en gardais pas un aussi bon souvenir, et pourtant, Bronco apache s'avère un excellent western. En même temps, j'ai vu ça quand j'étais au collège, et on va dire que cela remonte à quelques années, quand même!
Burt Lancaster et Charles Bronson sont des apaches. Rien de nouveau, mais on peut pointer, ici aussi bien qu'ailleurs, les contradictions des Etats-unis qui s'enorgueillissent de leur tradition d'immigration, bien plus que la France qui cherche plutôt à en gommer les traces, mais qui font preuve d'un racisme si systémique que, même pour un western pro-indien, on ne peut quand même pas prendre des acteurs amérindiens, faut pas déconner, le public ne comprendrait pas.
Parlons donc plutôt du film : Burt Lancaster y joue Massai, un guerrier apache qui refuse la reddition de Geronimo, tout comme celui-ci avait refusé la reddition de Cochise. L'histoire semble se répéter. Sauf qu'après un détour dans le monde des blancs, dont nous verrons l'absurdité par son regard, bien que ce soit rapide, il va rencontrer un indien cherokee qui vit en paix dans sa propre maison. Il retournera auprès des siens avec l'idée de planter du maïs et de vivre, peut-être pas en guerrier, mais au moins la tête haute, ne devant sa pitance à personne.
On voit ici l'aspect le plus intéressant de ce western, qui proposera une voie entre la guerre et la réserve. Seulement, l'incompréhension de son propre peuple fera que seul Massai s'y essaiera. Ainsi, incompris des siens aussi bien que de l'homme blanc, Massai est condamné à la fuite, avec comme seule compagnie une squaw amoureuse, interprétée par Jean Peters, tout aussi manifestement peu indienne que lui. Il sera traqué par un Al Sieber interprété par l'habitué du genre John McIntire, très convainquant.
Bien sûr, Bronco Apache s'inscrit dans la mythologie du western, et sa vision est bien naïve, quiconque a ouvert des livres d'histoire sur les indiens s'en convaincra (comment ça ils n'ont jamais connu l'agriculture?). Mais au moins constitue-t-il un pas de côté appréciable, et contribue-t-il au changement d'opinion qui parcourra le western à l'égard des indiens, dont Delmer Daves aura été le chantre. Et ça, ce n'est pas rien.
Ce qui n'est pas rien non plus, c'est la réalisation d'Aldrich, nerveuse dans les scènes d'action, proposant des personnages brillamment composés, jamais réduits à une seule définition. Ce qui fait qu'on définitive, on peut parler de Bronco apache comme d'un grand western, réussi à plusieurs égards.