Vu il y a quatorze ans et dont je gardais un souvenir ému, paradoxalement c'est adulte que je me retrouve (nettement) moins emballé par « Buena Vista Social Club ». Loin de moi l'idée de contester l'importance de ce documentaire ayant permis au monde entier de découvrir et immortaliser tous ces artistes ô combien talentueux, qui auraient sans doute disparu dans les limbes si Wim Wenders n'avait pas été présent pour mener le projet et leur rendre ce vibrant hommage.
Des hommes sympathiques, restés humbles, passionnément dévoués à leur raison de vivre, la musique, au point que certains étaient gênés par les caméras tant ils n'avaient pas l'habitude d'être filmés. L'occasion, aussi, d'entendre ce beau et chaleureux son cubain pré-révolution, notamment à travers quelques concerts, dont le dernier sera même dans le mythique Carnegie Hall. Rien que pour ça, merci au cinéaste allemand et à Ry Cooder d'avoir rendu ce film (et l'album!) possible.
Après, c'est à l'appréciation de chacun : certains seront charmés par le côté presque « bricolo », le matériel manifestement limité donnant, certes, pas mal de spontanéité à l'ensemble, mais aussi une dimension amateur dont je ne suis pas hyper-fan, choix de la photo et des couleurs compris. De plus, je n'irais pas jusqu'à parler d'ennui, mais difficile d'échapper à une forme de répétition concert-discussion-concert-discussion, que l'humour et la bonne humeur des artistes compensent en partie, la « virée » à New York se révélant assez sympa, avec, enfin, la possibilité pour les mélomanes de s'ouvrir au monde.
Pas mal, donc, et même unique en son genre. Reste que j'espérais des retrouvailles plus chaleureuses avec Compay Segundo, Ibrahim Ferrer et les autres, décidément surpris que j'ai pu autant aimer ce « Buena Vista Social Club » à dix-neuf ans : comme quoi, je devais être beaucoup plus mature étudiant qu'adulte.