Il y a deux façons d'aborder ce film de Wellman, réalisé en 1944.
Soit on considère que Wellman a réalisé une hagiographie, vaguement historique, sur un "héros de l'Ouest" qui n'était à la base qu'un simple chasseur, talentueux certes, de bisons pour alimenter les cantines des employés qui construisait le chemin de fer (Voir à ce sujet "le cheval de fer" de John Ford) et qui ne connaitra le succès que dans un spectacle de cirque, pétaradant, grâce à un bon marketing. Et la note (sur SC) qui doit en découler ne sera pas fameuse, mauvaise à très mauvaise. Forcément.
Soit, on retrouve une âme d'enfant et on suit émerveillé les différentes étapes de la vie d'un être légendaire. Comme cela pourrait être si on voulait raconter l'histoire d'Ulysse, de Vercingétorix ou encore du Roi Arthur dont on ne sait pas grand chose sinon qu'ils se prêtent bien à imaginer un peu ce qu'on veut et surtout à y faire passer un message positif. Et la note (sur SC) qui doit en découler est forcément nettement meilleure, voire bonne à très bonne. Forcément.
Je pourrais être tenté par l'option 1 (la démystification) dans un style grincheux (je sais faire) mais non, j'ai envie de rêver et de commenter un film passionnant et empreint d'une réelle émotion. J'ai envie de me retrouver à l'âge de 10 ou 12 ans
Et le film commence fort !
Une diligence circule à fond de train poursuivie par les indiens hurlants ; leur vie ne tient plus qu'à un fil d'autant que la diligence a fini par verser. Et puis arrive un cow-boy solitaire et serein avec un grand chapeau, une veste de trappeur et une belle chevelure longue blonde. Buffalo Bill !!!
Et encore, je ne dis pas tout car la scène est d'une très grande richesse.
Puis le film se poursuit par un petit message bien Wellmannien avec l'échange verbal suivant entre un politicien et Buffalo Bill dont je ne dis encore pas tout :
- Il faudrait plus d'hommes comme vous pour nous débarrasser et exterminer ces sauvages
- Nous devrions nous débarrasser plutôt de certains blancs
Même si Buffalo Bill est contraint de soutenir la cavalerie en tant qu'éclaireur et de participer à des batailles contre les indiens, il reste, dans le film, "le" grand soutien de la cause indienne qu'il ira même défendre au Sénat au risque de déplaire et de se faire mettre à l'écart. Et c'est comme cela qu'il en est réduit à faire le con sur un cheval de bois puis, coup de chance, de monter un spectacle de cirque jusqu'à un âge avancé
J'allais oublier la double romance entre Buffalo Bill et une femme indienne (jouée par une tendre et belle Linda Darnell) puis une femme blanche (jouée par une non moins tendre et belle Maureen O'Hara).
Pour la première, j'aime la délicieuse scène où Linda Darnell, institutrice, écrit au tableau le modèle de la lettre que notre Bill, un peu balourd, veut envoyer à Maureen O'Hara. La scène est silencieuse hormis le crissement de la craie sur le tableau.
Pour la deuxième, c'est le diner où notre (encore) balourd de Bill mange le petit napperon qui est resté dans l'assiette sous le gâteau qui m'a arraché un sourire de tendresse tellement c'est bien finement joué...
Je n'ai pas encore parlé de l'acteur qui tient le rôle de Buffalo Bill. C'est un Joel McCrea qui a la stature et la prestance qu'on attend tout-à-fait d'un héros de légende. Au delà de son rôle de chasseur et de civil au service de la Cavalerie, il sait être romantique et émouvant à souhait. En définitive, c'est le rôle d'un grand enfant ...
Mon petit regret (d'adulte) c'est le rôle (un peu) d'opérette du chef indien joué par un jeune Anthony Quinn.
Le film est gratifié d'un beau technicolor et d'une belle réalisation de Wellman dans de somptueux décors.
Au final, si on accepte d'entrer dans le jeu de la légende, "Buffalo Bill" est un film d'autant plus agréable à regarder que les personnages décrits sont tous très positifs.
Comme il est dit sur la pochette du DVD, c'est "l'histoire vraie de la plus grande légende de l'Ouest".