Je ne suis vraiment pas amateur du style de Parker. Pourtant, j'ai vu nombre de ses films, et à chaque fois (exception faite de The Wall et Angel Heart) c'est pareil : On retrouve le même aspect caricatural des personnages, le même grand guignolesque qui atteint tout, dialogues, situations, psychologie... Un grotesque qui pourrait être bienvenu s'il était plus fin ou plus drôle (enrichissant, embellissant plutôt que vulgarisant), et qui devient sérieusement problématique lorsque il macule des thèmes comme la traite négrière (Mississipi Burning) ou le système carcéral des pays du moyen-orient.
Ici, le grotesque est volontaire et assumé : on récupère le thème et les codes éculés du film de mafia, et on les réutilise en travestissant l'ambiance au travers du prisme de la petite enfance. Une façon de souligner le caractère puéril des codes et rivalités qui marquent le milieu de la pègre, ou peut-être de souligner le fossé séparant le monde de l'innocence de celui de la violence. Toujours est-il que ça ne vole pas plus loin : l'œuvre se résume à ce simple concept visuel et narratif, et se complaît dans ce mélange d'Univers, filmé sans ambition par un cinéaste racoleur qui cherche à toucher le plus grand public possible.
Partant de là, si l'on n'accroche pas au concept, tout est foutu : L'esthétique est absente, le talent de Parker derrière la caméra reste à démontrer, le récit n'a pas vraiment d'intérêt, rien n'est fait pour la rendre un tant soit peu crédible, je ne parlerais pas de la prestation des acteurs (les pauvres, ils font ce qu'ils peuvent), les scènes d'actions sont pas percutantes et les actrices ne sont même pas bandantes (enfin ça c'est vous qui voyez), quant à ce qui est du fond on en a déjà fait le tour (dés les premières minutes du film, pour les plus lents, amenez un sudoku sinon vous allez vous emmerder).
Reste un humour de situation potache qui, malgré son aspect lourd et convenu, touchera peut-être une certaine audience.
Est-ce que Bugsy Malone réussi à le toucher, ce grand public ? Je ne sais. La seule chose que je sais c'est que le film ne m'a pas touché, moi. Vous comprenez mieux le danger du pari de Parker : en réalisant une parodie (plus ou moins dénuée d'humour) des codes de l'univers mafieux, il a pris le risque de garder le plus mauvais des deux univers qu'il entrecroisait.
En ce qui me concerne, c'est un risque qui ne paye pas.