David Leitch a toujours été un intéressant metteur en scène dû à son expérience de coordinateur de cascades pour le cinéma. Sa vision sait comment mettre en valeur les attributs du corps humain pour créer des chorégraphies aussi fluides que atypiques. "Bullet Train" choisit le train pour situer son histoire, une démarche qui peut s’avérer efficace pour filmer l’action car la caméra n’aura d’autre choix que d’exploiter l'horizontalité et les lignes de fuite des wagons. Il n’y a qu'à voir “Dernier train pour Busan” pour le comprendre. L’histoire qui narre la rencontre fortuite entre plusieurs tueurs à gage se disputant une mallette contenant de l'argent (le MacGuffin) est savoureuse. Non pas que le film soit en lui-même révolutionnaire dans son approche scénaristique qui use tout de même assez habilement du twist ; c'est avant tout un spectacle absurde et comique.
Brad Pitt sait comment incarner un excellent trouble-fête à l'humour grinçant, bien épaulé par le duo comique Aaron Taylor-Johnson/Brian Tyree Henry. C'est également dans la variété des références dont se nourrit le réalisateur que l’on a face à nous un grand spectacle. Jonglant avec différents styles musicaux, le réalisateur se permet également de reprendre des codes du film asiatique. On sent une évidente fascination pour le travail des réalisateurs Hongkongais, David Leitch traite donc le matériel référencé avec respect.
Pour autant, le réalisateur ne prend jamais son histoire au premier degré et véhicule plutôt une esthétique colorée et savamment orchestrée au service d’une histoire drôle, qui résonne pour tout le monde. “Bullet Train”, c’est le parfait exemple du blockbuster que je n’attendais pas mais dont j’avais grand besoin, dans ce paysage morne qu’est le film hollywoodien.