Fast & serious
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On en a tous des films comme ça : des icônes qui habitent notre imaginaire alors même qu’on ne les a jamais vues. Pour ma part, « Bullitt » en faisait clairement partie…
Alors forcément, quand lors de ce long confinement du printemps 2020, la programmation de France 5 m’a donné la possibilité de découvrir enfin cette œuvre mythique, je n’ai pas loupé l’occasion.
Je me suis jeté dessus. J’ai vu... Et j’ai été déçu.
Bah oui, déçu parce que franchement, « Bullitt », ça a beau avoir marqué une époque (et non sans raison), il se trouve qu’aujourd’hui, moi je trouve ça quand-même assez léger, pour ne pas dire plutôt fadasse.
Alors certes, on retiendra certainement tous de ce film ces quelques scènes de poursuites endiablées dans les rues de San Franscisco (et qui ne sont clairement pas vilaines à regarder) de la même manière qu’on pourra toujours être séduit par l’état d’esprit de cet inspecteur à qui ce film doit le nom : un gars taciturne, usé que la politique le détourne régulièrement des fondamentaux de son métier et qui n’a clairement plus envie de prendre des gants et de laisser couler.
Un personnage qui ne surprendra pourtant pas – et pour cause – puisqu’il s’agit aujourd’hui d’un véritable stéréotype du genre. De l’inspecteur Harry à John Spartan, ils sont désormais nombreux ces personnages de vilains flics réglos à s’inspirer de ce Frank Bullitt.
Donc oui, « Bullitt » a ses mérites, mais cela ne lui retire pas pour autant ses faiblesses.
En termes de dynamisme et d’entrain, « Bullitt » c’est quand-même plus proche de l’inspecteur Derrick que de l’inspecteur Harry.
Alors loin de moi l’envie de cracher par principe sur les intrigues qui prennent leur temps, mais là, c’est clairement un parti pris au service de rien.
Pendant toute la première moitié, le film désespère par son manque d’enjeux. Les situations posées sont d’une banalité affligeante et l’intrigue policière se limite au plus simple appareil.
S’ajoutent en plus à cela un rythme plat plombé par des dialogues végétatifs, si bien que – forcément – lorsque survient la première scène de poursuite qui est la véritable attraction du film, on a l’impression que, par effet de contraste, le réalisateur Peter Yates a soudainement sniffé tout un parpaing de cocaïne.
Malgré tout, « Bullitt » évite le naufrage sur sa dernière demi-heure. A partir de ce moment-là, l’intrigue révèle ENFIN une once de relief et parvient à se dynamiser suffisamment pour que le sommeil ne nous prenne pas au volant.
Au sortir de tout, j’avoue que mon impression sur « Bullitt » est partagée.
D’un côté l’historien aimerait valoriser le fait que ce film ait su être un tournant pour tout un genre, au point que de nombreux films majeurs s’inspirent clairement de lui.
De l’autre le spectateur contemporain que je suis aussi ne saurait nier l’ennui qu’a suscité ce film chez moi de par sa banalité et son manque global de consistance.
Etonnamment, en voyant « Bullitt », j’ai davantage eu l’impression de retrouver le charme suranné de « La classe américaine » de Michel Hazanavicius plutôt que le pouvoir réellement transcendant d’une œuvre mythique. Dès que soudainement Steve McQueen se mettait à s’énerver avec sa voiture, je pensais à Paul Newman dans le détournement de Canal+. Ça faisait fake, parodique, pas à sa place, en décalage avec tout le reste…
Seulement voilà, un charme suranné n’en reste pas moins un charme malgré tout.
Et quand bien même je n’ai globalement pas trop apprécié voir ce « Bullitt » (et ne le reverrai certainement jamais) je dois bien avouer que les images qui m’ont amené à le voir sont restés gravées dans mon esprit.
« Bullitt » a conservé ce « charme Bullitt », quoi qu’on en dise.
Et ça, même si ça peut avoir des allures parodiques, ça n’est clairement pas donné à toutes les œuvres de cinéma…
Créée
le 13 août 2020
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