Bushwik souffre d'une volonté spectaculaire nuisant à l'intérêt de son intrigue.
En déployant bêtement son idée de temps réel, le film oblige son scénario à se compresser,
se contre-dire parfois, et pourtant...
Placé sous un triptyque de références, le film gagne artistiquement ce qu'il perd sur le plan technique.
Le film développe l'idée qu'il faut suivre, tel quel dans le texte, en file indienne, gagnant parfois des membres ou en perdant, comme un récit interactif (et dont la première références, inavoués, semble être le jeu vidéo The Last of Us, tellement l'on reconnaît le couple principal ainsi que le style de dialogue et de rythme). Mention spécial à Dave Bautista, visiblement impliqué.
Si la mise-scène se repose énormément sur le plan-séquence, jusqu'à l'obsession (avec le spectre du Children of Men de Cuaron en tête, seconde référence prégnante, mais traînée comme un boulet), au détriment de l'originalité, reconnaissons lui quelques beaux moments comme autant d'idées subtiles et inédites : la caméra de suivi, littéralement dans le cul de ses personnages (on peu penser au Rosetta des Frères Dardennes, oui, même si le rapprochement n'est pas du tout cohérent), les suivant , les poussant, les collants au basque suivant le rythme ou l'étroitesse du plateau, comme par exemple à chaque fois qu'il faudra monter des escalier ou se baisser derrière un obstacle. Esthétique de l'économie de moyen, certes.
Une autre idée, très intéressante, consiste à suggérer des actions hors-champs, non par le son, mais par élément interposé, comme ce cadavre d'une femme, dans le couloir d'une école, en haut d'un escalier, assise contre un mur, une traînée de sang au-dessus d'elle. L'idée d'une exécution aussi brève, qu'injuste et cruelle est ainsi donnée: cette menace, ce devenir possible est ainsi opposé aux protagonistes qui désirent continuer de progresser, le cadavre devenant un simple pivot de mise-en-scène plutôt qu'un véritable objet d'attention.
De même cet autre idée, là encore, de perturber la progression, la condition sinéquanone du film, sa raison d'être, par une sorte de philantropisme, prosélytisme presque, à vouloir aider chaque passant, chaque individu en détresse, y compris les peines perdues, comme une opposition à leur propres blessures (jambes transpercée et doigt explosé).
La dernière références, la plus importantes peut être, et la plus "en vue", depuis les plans de l'hélicoptère ouvrant le film avec l'arme a feu en amorce sur la ville jusqu'à la musique discrète et réussie de Aesop Rock (avec ces citations littérale du mythique score des Gobelins) c'est, et vous l'aurez bien compris, le Dawn of the dead de Romero. Cela rappel, avec son cortège de personnage enfermé en opposition à Bushwik, que quoi qu'il arrive, si les metteurs-en scène se tirent parfois une balle dans le pied, pour leurs personnages en revanche, une balle dans la tête est toujours possible.
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