En 1969, c'est par le biais de la télévision que Paul Verhoeven se fait un nom en Hollande. En filmant les aventures d'une sorte de Robin des Bois incarné par Rutger Hauer, le succès de la série Floris est retentissant... Néanmoins, ce n'est pas pour autant ce qui le guidera à réaliser son premier long-métrage sous la houlette du producteur Rob Houwer. En effet, ce dernier découvre les talents de Verhoeven en visionnant son court-métrage Le Lutteur et fait appel à lui pour adapter quelques saynètes rédigées par une vedette de la télévision d'alors, Albert Mol, qui transfigure ses propres expériences homosexuelles dans l'univers hétérosexuel de la prostitution.
Pure comédie de mœurs populaire, Business Is Business n'est pas vraiment la tasse de thé de Verhoeven qui préfère proposer à son producteur l'adaptation d'un roman de Jan Wolkers intitulé Les Délices De La Turquie. Suite au refus de Houwer, effrayé par la sexualité crue que pourrait comporter ce projet, Verhoeven accepte finalement de réaliser Business Is Business et engage le scénariste de Floris pour l'épauler et atténuer les scènes explicites entre les péripatéticiennes et leurs clients.
Greet et Nel, quadragénaires usées par leur métier, souhaitent dénicher des partenaires exclusifs et permanents avec lesquels elles pourraient se marier et fonder une famille. Mais sera-t-il si facile pour elles de sortir de la prostitution ?...
Malgré un humour grivois et quelques situations amusantes face aux fantasmes pathétiques et bien barrés de certains clients, Verhoeven peine lui-même à se passionner pour cette histoire et essaie tant bien que mal à diriger son projet vers une critique relativement pamphlétaire de la bourgeoisie néerlandaise. Satire qui ne fait pas forcément mouche... Reste néanmoins la touchante amitié de ces deux prostituées solidaires et bienveillantes l'une envers l'autre. Un sujet qui aurait mérité d'être nettement plus approfondi en lieu et place des nombreux moments gentiment coquins qui ont pris un sérieux coup de vieux.
Une œuvre qui fut un succès public considérable, atteignant à l'époque la quatrième place du classement des films néerlandais les plus populaires. Un succès surprise qui permit à Verhoeven de s'atteler au formidable Turkish Delight qu'il considère comme son véritable premier film.