Dans "C'est quoi cette famille?",sorti en 2016,sept enfants d'une famille recomposée avaient obtenu de leurs parents l'autorisation de vivre ensemble dans un grand appartement afin d'éviter d'être ballottés sans arrêt d'un domicile à un autre,vu que leurs géniteurs avaient une conception très provisoire de la notion de couple.Trois ans plus tard ça se termine car l'appart est vendu,encore un coup de ce salaud de Stéphane Plaza,et les gamins vont devoir réintégrer les pénates parentales.En attendant c'est les vacances et tous sont éparpillés sur les lieux de villégiature de leurs darons,à l'exception du petit dernier Gulliver,c'est bien un prénom de bobo ça,qui atterrit chez Aurore,la grand-mère indigne.Comme elle est irresponsable et ne s'occupe pas de lui,il se plaint auprès de ses frères,soeurs,demis,cousins ou on sait pas trop quoi,qui rappliquent tous chez la mamie après avoir feinté leurs vieux.Gabriel Julien-Laferrière,réalisateur et scénariste de ce chef-d'oeuvre,est devenu à partir de 2009 et du succès de "Neuilly sa mère!" une valeur sûre de la comédie à la française,ce qui est inquiétant et conduit à s'interroger à propos de la santé mentale du public.Mais bon,plus c'est con plus ça se vend,ainsi que l'a prouvé la saga "Les Tuche",alors pourquoi se gêner?Voici donc notre Gaby à la tête de deux franchises comiques vedettes,les "Neuilly",deux unités au compteur,et les "C'est quoi" qui en est au troisième épisode car un indispensable "C'est quoi ce papy?" a déboulé sur les écrans en 2021,en attendant probablement les "C'est quoi ce clébard?","C'est quoi ce poisson rouge?","C'est quoi ce tonton tripoteur?",pendant que le spectateur moyennement intelligent se dit "C'est quoi ces conneries?".Le premier opus,que Gaby avait réalisé mais pas écrit, était salement mauvais mais là on franchit un cap,ce qui incite à penser que ce gars,pour oser sortir un spectacle aussi pourri,est soit hyper gonflé soit totalement inconscient,la deuxième option étant probablement la bonne.Mais il a eu raison puisque ça a marché.Capter l'air du temps est sa spécialité et cet hymne à la famille recomposée s'inscrit bien dans les totems décadents de l'ère post-moderne.Il y a tellement de parents et d'enfants que la confusion règne et qu'on ne sait jamais trop qui est qui par rapport à qui.C'est même une des blagues récurrentes du film,les protagonistes eux-mêmes ayant du mal à se situer dans ce bordel infâme.On retrouve les fondamentaux du film précédent,la bande de gosses émancipés et ramenards qui se croient malins,les parents mous comme des chiques écrasées se partageant entre mâles émasculés et femmes hystéro-dépressives,et la figure,secondaire en 2016 et mise en avant ici,de la grand-mère libertaire soixante-huitarde,prototype de boomer dynamique jamais redescendue de son dernier mauvais trip à l'acide à Katmandou.Le personnage était sympa dans "C'est quoi cette famille?" car on le voyait peu et son franc-parler ainsi que ses saillies insolentes tranchaient avec la bisounourserie ambiante, mais là c'est juste insupportable,surtout que Chantal Ladesou se croit dans un de ses sketches de one-woman show et dépasse allègrement toutes les limites du cabotinage insensé.A moins d'être fan de ses braillements de truie,de sa grosse voix éraillée,de ses mimiques de guenon et de son humour à la con,le choc est rude pour le spectateur non averti.Pour bien inscrire le personnage dans son époque déliquescente,on nous inflige une vieille fêtarde,alcoolo,droguée et bisexuelle,une icône de la doxa woke dégénérée.Les parents sont quasiment absents de cet épisode qui se résume à un duel entre l'aïeule déjantée et les mômes paradoxalement plus raisonnables qu'elle,c'est ça qui est sensé être drôle,dommage que ça ne le soit jamais tant l'écriture est naze et l'humour misérable.On assiste parallèlement aux diverses évolutions sans intérêt et mal branlées de la smala de gosses,de ce petit merdeux de Gulliver toujours à geindre pour qu'on s'occupe de lui car il croit être le centre du Monde,à l'aîné,un jeune adulte gras comme une loche et rappeur minable,en passant par le raisonnable Bastien qui tente d'organiser les choses,le beau gosse Eliott qui est gay,il en fallait obligatoirement un,l'ado qui est amoureuse de lui et se trouve bien déçue par ses moeurs.Précisons que ces deux-là n'ont pas de liens du sang,on évite au moins la connotation incestueuse.Il y a aussi sa soeur qui elle craque pour un bellâtre de son lycée,un type si abruti que ce n'est pas crédible une seconde,pas plus que le fait qu'il rapplique en vacances pile près de chez Aurore,ou la petite maman de la bande qui essaie de surveiller les opérations.La dose indispensable de guimauve écoeurante viendra clore ce chemin de croix sous la forme d'un concours de chant sur la plage,privatisé par la famille de tarés qui va y donner un spectacle accablant à peu près identique à celui qui concluait le premier opus.Bien sûr les parents se ramènent pour le final où tout le monde se rassemble dans la joie et l'amour retrouvés,la vieille carne et les enfants s'aimant finalement très beaucoup et ayant énormément appris les uns des autres.Presque tous les acteurs de l'original ont rempilé.C'est d'ailleurs ahurissant d'avoir convoqué des comédiens de si bon niveau pour les utiliser aussi mal et aussi peu en ce qui concerne les plus connus.Julie Gayet,Thierry Neuvic,Philippe Katerine,Lucien Jean-Baptiste,Julie Depardieu et Arié Elmaleh font ainsi acte de présence sans trop se fouler,seule l'épouvantable excitée ringarde Claudia Tagbo étant à sa place dans ce cul de basse fosse.Chantal Ladesou,qui perce sur le tard au cinéma,en fait tellement et si mal qu'elle outrepasse les bornes de ce qui est admissible en matière de numéro abrutissant.Les enfants sont dans l'ensemble pas mal,et on remarque parmi eux les abonnés de feuilletons télé Teïlo Azaïs,de "Un si grand soleil" et Benjamin Douba-Paris,de "Ici tout commence".Autre habituée du petit écran,la bombasse Prudence Leroy,vue dans "Plus belle la vie",qui joue la petite amie londonienne de Lucien Jean-Baptiste.