Aussi culte soit-il, je n'ai ni lu le roman de Stephen King, ni vu le téléfilm de 1990 dont il est adapté. Je ne connaissais donc que vaguement l'intrigue et le traumatisme que l'antagoniste principal avait su provoquer chez de nombreuses personnes. Et au final, je suis mitigé. D'un côté, l'atmosphère de la ville est bien rendue, la réalisation soignée et n'abusant pas d'effets horrifiques standards pour créer l'angoisse (ou très peu), notre attachement pour les héros (excellemment interprétés, notamment par la très belle Sophie Lillis) étant réelle d'emblée, certaines scènes,
notamment celles de l'égout ou de l'évier,
faisant sans difficulté leur effet. Dommage qu'il y ait alors autant de choses qui n'aillent pas dans le scénario, au point d'en être parfois criant.
Que l'œuvre souhaite se focaliser sur le point de vue des adolescents, OK. Mais de là à prendre aussi peu en compte ce qui les entoure au point de faire perdre au récit beaucoup de crédibilité ! Des dizaines d'enfants disparaissent, et pourtant la police a l'air de s'en cogner comme ça n'est pas permis. Les adultes sont presque tous représentés comme des dégénérés : un, deux, passe encore, mais tous !! Motivations du clown ? On les ignore presque totalement. De plus,
si ce dernier a le pouvoir de pénétrer dans l'esprit des enfants, pourquoi ne le fait-il pas directement pour tous ??
J'ai bien compris cette (belle) idée que ceux-ci doivent avoir peur pour devenir vulnérables, mais elle n'explique pas tout.
Enfin, si la première apparition de Pennywise est ambigu à souhait, il devient vite un personnage d'épouvante assez lambda, certes efficace mais un peu vide. Néanmoins, « Ça » fait le job. C'est une œuvre typiquement « kingienne », avec ses obsessions, ses inquiétudes, celle d'un auteur évoquant de manière experte cette période de la vie tout comme les mécanismes de la peur, qui, à défaut d'être présentés de façon réellement subtile (l'entreprise reste souvent ciblée ado), fonctionnent à plusieurs reprises
(le clown et ses ballons, le lieu de réclusion de Beverly).
Bref, nettement trop de faiblesses pour faire de l'œuvre un incontournable de l'année, mais grâce au « Club des Ratés » ainsi qu'à une ambiance bien retranscrite, ça peut valoir le coup d'œil.